On pourrait dire qu'il y a deux films dans Perfect days. Le film d'un occidental qui pose un regard étonné et admiratif sur le Japon ou plus exactement sur les habitudes d'hygiène des Japonais, tout en prenant bien soin de ne choisir que les toilettes les plus "design" de la capitale et de souligner la maniaquerie (ah, le coup du miroir coudé ! ) de celui qui a la charge d'en maintenir la propreté. C'est le côté un peu documentaire et finalement assez drôle du film avec, en complément quelques personnages "hors normes" comme pour casser le côté trop policé de la société japonaise.
Mais le propos de Wim Wenders est heureusement plus subtil quand il s'attache à la personnalité d'Hirayama, l'employé chargé du nettoyage. Un homme dont le quotidien est parfaitement structuré et totalement répétitif, un homme d'habitude, soucieux de bien faire ce qu'il fait. Il n'y a pas de sot métier, n'est ce pas, il n'y a que de sottes gens et Hirayama est loin d'être un sot. C'est un homme qui sait se contenter de ce qu'il a, qui choisit avec soin ses livres et la musique qu'il écoute, attentif à la croissance des jeunes pousses d'arbre qu'il transplante avec soin, qui avec son appareil argentique et des photos tirées en noir et blanc, essaye de capter un éclat de lumière à travers le feuillage, qui porte le même regard attentif sur les arbres que sur les gens. Un homme heureux ? Un homme sage ? En tout cas le film de Wim Wenders pousse le spectateur à s'interroger sur le sens de ces deux mots : bonheur /sagesse. Hirayama écoute des chansons des années 50 ou 60 sur un vieux lecteur de cassettes; il n'écoute pas la radio, ne regarde pas la télévision. Hirayama lit des auteurs classiques, il ne lit pas les journaux. Il s'intéresse - un peu - aux gens, il ne s'intéresse pas au monde. Faut-il à ce point rétrécir son univers pour être heureux ? Faut-il chercher dans l'indifférence au monde la clef de la sagesse ? C'est sans doute le mérite du film de poser la question. A chaque spectateur de chercher la réponse qui lui convient.
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