Après des siècles de pillages et de destructions, commis le plus souvent au nom de la religion, de l'idéologie ou même de la science, certains sites archéologiques ne ressemblent souvent qu'à des amas de pierres un peu flous, le flou étant le résultat de l'érosion.
Parfois il ne reste qu'un mur troué d'alvéoles un peu comme une ruche. Aux visiteurs d'imaginer... un enduit plus ou moins coloré, peut-être des fresques, et, à n'en pas douter un Buddha doré dans chaque niche.
Mais l'imagination se lasse de trop imaginer. C'est le moment où le voyageur traîne les pieds dans la poussière en maugréant. Un tas de briques, pas grand chose de plus qu'un tas de briques... ouis, mais unique vestige d'une cité édifiées au second siècle avant J.C., capitale du royaume de Gaochang ...
Alors on se console avec les livres et on apprend que "la pratique du bouddhisme mena à la fondation de nombreux monastères et de vastes communautés religieuses, qu'un collège confucéen enseignait les classiques de l'éthique chinoise", que "les Ouighours introduisirent dans la cité le manichéïsme qui prospéra tout comme le bouddhisme et le nestorianisme. Des manuscrits en chinois, ouighour, tibétain, sogdien, sanscrit, tokharien et syriaque y ont été découverts, dont des écritures manichéennes aux enluminures magnifiques."
Maginifique sans aucun doute et unique, une cité où cohabitent, sans se disputer ni se taper dessus, sans s'égorger ni se massacrer, sans s'étrangler ni s'exterminer, tant de religions ! J'ai du mal à le croire.
Mais les temps changent et la Chine se préoccupe désormais de préserver voire de restaurer son patrimoine. Pour l'oeil éboui de trop de clarté sous la lumière aveuglante de midi, lorsqu'à force d'incandescence le ciel se confond avec la poussière des cités disparues, les combinaisons et les casques des ouvriers sont comme un repos, une source de fraîcheur. Etrange sensation...
07 novembre 2006
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