Encore une exposition que je ne pouvais manquer ! Et dont les pièces exposées m'ont largement satisfaite. J'ai été en effet séduite par les peintures réalisées avec des pigments naturels sur les peaux tannées destinées à servir de robe et par le délicat travail des perles ou des plumes sur les coiffes ou les vêtements ... Long travail de patience.
Les
dessins ont l'air parfois naïfs, mais peuvent aussi bien frôler
l'abstraction, peut-être simplement parce que la simplification des
traits ne nous permet pas toujours d'identifier l'objet représenté.
Mais c'est notre ignorance de ces cultures indiennes et de leur iconographie qui est en cause.
Le parti pris qui consiste à ouvrir l'exposition sur la période contemporaine, et à mettre en valeur quelques artistes d'aujourd'hui, avant d'entamer un parcours chronologique est intéressant. Il permet de rappeler qu'en dépit de tout ce qu'ils ont subi, ces peuples indigènes n'ont pas totalement disparu et que depuis la fin des années 60 - plus précisément après la création de l 'IAM (Indian American Mouvement) en 1968 et les "événements" de Wounded Knee en 1973 - on parle d'une Renaissance indienne, qui se manifeste sur le plan politique, mais aussi bien sur le plan artistique et littéraire. Le tableau de T.C. Cannon représentant un chef indien "aux aguets" pistolet au poing m'a paru à cet égard assez significatif.
T.C. Cannon, Chef aux aguets, 1975
Parmi les oeuvres proposées dans cette section, j'ai retenu le tableau de Dick West qui représente la danse du soleil, considérée comme un des rituels indiens les plus importants. Non pas que le tableau m'ait paru d'une beauté stupéfiante, mais, pure coïncidence, je venais juste de lire une impressionnante description de cette danse dans le livre de Gretel Ehrlich intitulé La Consolation des grands espaces. "Il ne s'agit pas d'adorer le soleil, mais de se pénétrer de sa puissance régénératrice qui rend santé, vitalité et harmonie à la terre comme à toutes les tribus."
Dick West, Danse du Soleil Cheyenne, Le Troisième Jour , 1949
L'exposition du Musée Branly présente quelques pièces exceptionnelles, mais reste accessible à tous ceux qui s'intéressent aux Indiens quelles que soient leurs motivations. Ce faisant, elle évite soigneusement les sujets trop polémiques et propose, sur la condition indienne, un discours qui m'a paru un peu léger, volontairement édulcoré (pour éviter les sujets qui pourraient fâcher ? )
En revanche, ce qui m'a vraiment fâchée c'est la scénographie. Que la plupart des objets soient présentés sous vitrine pour éviter leur détérioration ? Soit ! Dans la pénombre pour les mêmes raisons ? Je veux bien l'admettre. Mais alors pourquoi munir les visiteurs d'audioguides dont les écrans lumineux - qu'ils trimbalent le plus souvent sur leur ventre - ajoutés au projecteurs et aux reflets des projecteurs dans les vitrines finissent par constituer une vraie nuisance pour l'oeil qui n'a jamais le temps de s'adapter à la demi-obscurité. Difficile dans ce cas de s'attarder longuement devant les vitrines.