22 décembre 2016

Soirée Western

Deux western programmés sur Arte pour le même soir. Et pas n'importe quels westerns !

L'homme qui n'a pas d'étoile de King Vidor  (1955) et Seuls sont les indomptés de David Miller (1962). Dans les deux films, le même acteur, Kirk Douglas.

En dehors du plaisir que j'ai eu à retrouver ces deux classiques du genre,  leur rapprochement dans la même soirée m'a paru particulièrement judicieux. En effet dans l'un et l'autre film Kirk Douglas, quel que soit son personnage, affirme haut et clair son rejet du fil de fer barbelé, cette invention diabolique qui a mis fin au libre pâturage, à la possibilité pour un cowboy de mener son troupeau où bon lui semble. L'installation des clôtures a, c'est un fait, mis un terme à la conquête de l'Ouest, a mis un terme surtout au mythe d'une Amérique libre de toute contrainte, une Amérique sans foi ni loi !


Il y a dans ces deux films, quelque chose de crépusculaire, la nostalgie d'un monde qui disparaît. A la fin de L'Homme qui n'a pas d'étoile, Kirk Douglas chevauche, solitaire, vers un horizon encore ouvert. Sept ans plus tard, dans Seuls sont les indomptés, il fuit avec son cheval, poursuivi par les représentants de l'ordre et du progrès : dans un monde où les hélicoptères, les avions, les camions sillonnent le paysage le cowboy, l'homme libre, n'a plus sa place. La dernière scène est remarquable qui montre Jack, blessé, mourant peut-être, entouré d'un cercle d'hommes et de femmes, témoins de l'accident, le visage vide de toute émotion.

Film  de genre, film populaire par excellence le western quand il est traité par des grands, en dit beaucoup plus sur l'Amérique qu'on ne l'imagine. Des clichés, certes, sans lesquels un western ne serait plus un western. Mais aussi, l'idéologie d'une Amérique qui a cru s'installer sur une terre vierge, qui a gagné son indépendance en se débarrassant des Anglais et a laissé à chacun le droit de disposer comme il l'entendait de l'immensité du territoire et de ses ressources, sans se soucier de ce qu'elle imposait à autrui.
L'Amérique d'aujourd'hui n'a pas fondamentalement changé; elle accepte toujours très mal le principe d'une gouvernance qui ne soit pas issue du seul individu.  Les "héros" des westerns sont des hommes forts, capables de pourvoir à leurs propres besoins, se contentent de peu et ne demandent rien à la société.  Ni aide sociale ni impôts ! Pour beaucoup d'Américains le meilleur des gouvernements reste celui qui gouverne le moins, selon la formule de H.D. Thoreau. Mais le monde a changé. Les "indomptés" sont désormais des "inadaptés". Jack Burns et son cheval meurent au bord de la route, renversés par un camion qui transporte  ... des sièges de toilette !




Aucun commentaire: