29 janvier 2018

Karla Suarez, Le Fils du héros


A Cuba, quand votre père est mort "au service de l'état", en l'occurrence en Angola, dans une guerre menée par les Cubains pour aider "un pays frère", cela vous confère un statut spécial. C'est ce qui arrive à Ernesto, orphelin obsédé par le souvenir de son père et plus encore par tout ce qu'il ignore à propos de sa mort dans ce pays lointain. Parce qu'à Cuba, connaître la vérité est chose difficile puisque l'Histoire ne cesse d'être remaniée au gré des événements politiques.

Le roman suit Ernesto de l'enfance à l'âge adulte, au gré de ses déplacements entre Cuba, Berlin, Lisbonne, au gré aussi de ses amours, de ses amitiés, de ses souvenirs, de ses rencontres. Karla Suarez tire habilement tous les fils de cette toile d'araignée : en multipliant les changements de lieux, d'époques, elle retranscrit tout simplement les fluctuations de la mémoire et les changements d'humeur de son personnage auquel on s'attache rapidement.

Ernesto reconnaît avoir "l'Histoire collée à la peau" et c'est ce qui fait la réussite de ce roman puisque l'on suit avec autant d'intérêt le cheminement psychologique du personnage que la reconstitution de l'Histoire politique de Cuba depuis les années 70 jusqu'à la période dite "spéciale" qui a suivi l'effondrement du régime communiste.

Mon seul regret, n'avoir pas pris le temps de lire le roman dans sa langue d'origine. Ce roman en tout cas, reste une excellente découverte, du genre à donner envie de lire d'autres romans de Karla Suarez. 

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