17 janvier 2018

Willy Vlautin, Ballade pour Leroy


Tout le monde devrait lire Willy Vlautin. Tout le monde mais en particulier les hommes (et les femmes) qui se piquent de politique et prétendent améliorer un monde qu'ils ne connaissent pas, qui n'ont aucune, mais aucune idée de la façon dont les gens vivent.

Willy Vlautin affirme être l'écrivain des "cols bleus", des "hard workers", des gens ordinaires qui travaillent dur et pourtant n'y arrivent pas. C'est la même veine qu'il poursuit depuis son premier roman, Motel Life, puis Plein Nord, Cheyenne en automne et maintenant Ballade pour Leroy.

Leroy s'était engagé dans la Garde Nationale parce que son patron l'y incitait et qu'il avait peur de perdre son boulot. La Garde Nationale est une unité de réserve susceptible d'intervenir  sur le territoire américain en cas de catastrophe, mais, manque de chance, l'unité de Leroy est envoyée en Irak. Lorsque commence le roman il est dans un centre de soin pour vétérans et, après une tentative de suicide se retrouve dans le coma. C'est autour de son lit d'hôpital que s'organise le roman et que se rencontrent les différents personnages : Freddie, le gardien de nuit, qui cumule deux boulots et n'arrive pourtant pas à s'en sortir financièrement, Pauline, une infirmière qui s'épuise à la tâche mais accorde  pourtant à chacun de ses patients la plus grande attention. Elle s'occupe en particulier de Jo, une jeune fugueuse dont abusent ses copains de squat.

Plonger dans un roman de Willy Vlautin c'est un peu plonger dans le bas-fonds de la société américaine, ce pourrait être sordide mais ça ne l'est pas. Car l'auteur éprouve pour ses personnages la plus grande compassion et même une certaine forme d'admiration. Ce sont des victimes mais ce sont surtout les héros du quotidien, ceux qui résistent, malgré la fatigue, malgré le manque d'argent. Freddy vend sa maison, qui était aussi celle de ses parents et grands-parents pour pouvoir récupérer ses filles parties avec son ex. Pauline passe tous les jours s'occuper de son père, sénile et acariâtre. A côté de Freddy, Pauline ou Darla, la mère de Leroy, extraordinaires modèles de générosité et d'humanité, il y a bien sûr tous les autres personnages, aussi vils que veules, mais c'est ainsi que se constitue l'équilibre du roman. Avec, en plus quelques échappées oniriques qui mêlent souvenirs heureux et cauchemars dans la tête de Leroy.

Le prochain roman de Willy Vlautin est annoncé aux E-U pour février. Je n'attendrai peut-être pas sa traduction pour le lire.







1 commentaire:

Marie-Claude a dit…

Tu ne saurais mieux dire: tout le monde devrait lire Willy Vlautin!
Un de mes auteurs fétiches.
J'attends la traduction de son prochaine roman avec impatience (je ne lis malheureusement pas en anglais...)