3 Billboards

Haine contre haine, tout dans ce film n'est que haine. Haine de la mère dont l'enfant a été tué, haine du policier aussi raciste que borné, haine surtout de la mère du policier raciste et borné. C'est un personnage secondaire dans le film, guère plus qu'une silhouette, mais c'est le personnage qui m'a le plus marquée, une femme ordinaire dans une petite ville ordinaire, une femme d'un certain âge qui passe ses journées devant Fox TV, une femme qui transpire la haine : haine de tous ceux qui n'ont pas sa couleur, de ceux qui possèdent plus qu'elle ne possède, qui ont un tant soit peu d'éducation. Sa haine est viscérale et elle a élevé son fils dans cette haine. Ce personnage est si représentatif d'une certaine part de l'Amérique, que le réalisateur n'a même pas eu besoin de le développer. L'esquisse est suffisante et l'on sait, sans qu'il soit besoin d'insister, de quel côté vont ses préférences électorales.

Bien que britannique, Martin Mc Donagh connaît son Amérique sur le bout des doigts. Il connaît aussi bien le cinéma, et en particulier le cinéma à effets et c'est peut-être là où le bât blesse. Car il a une fâcheuse tendance à en faire trop. L'histoire de cette femme exaspérée par les lenteurs et les négligence de la police dans un coin perdu du Missouri, c'était déjà beaucoup, mais était-il nécessaire d'ajouter un flic atteint d'un cancer du pancréas en phase terminale, d'ajouter un nain, amoureux transi de la femme en quête de vengeance ... et je n'en dis pas plus pour ne pas (trop) dévoiler le film.

"Less is more" disait Mies Van der Rohe qui faisait l'éloge de la sobriété en architecture. La formule s'applique sans difficulté au cinéma : avec moins d'effets, il me semble que le film aurait plus de force encore ! Moins spectaculaire, mais plus convaincant ! Bien qu'il le soit déjà pas mal !

PS.   ah! les titres ! Three Billboards, Outside Ebbing, Misouri ...  Et sa transcription en français : 3 Billboards, les Panneaux de la Vengeance !A la fois bancal et trop explicite.