12 janvier 2018

El Presidente

La présence de Ricardo Darin dans un film est à coup sûr un gage de succès, tant il est vrai que cet acteur est capable de tout jouer et surtout de donner de l'épaisseur à son personnage, quel qu'il soit, simple greffier, escroc de haut vol, avocat véreux ou, comme dans le film de Santiago Mitre, le président nouvellement élu d'Argentine en route pour sa première rencontre avec les chefs d'état d'Amérique latine. Les enjeux sont importants : il doit faire ses preuves à la fois sur le plan national et international, alors même qu'un scandale vient d'éclater impliquant sa fille.

Le sommet a lieu dans un hôtel isolé de la cordillère des Andes; des paysages arides, glacés, un univers minéral qui suffit à donner froid dans le dos. Et le regard que le réalisateur porte sur ces chefs d'Etat coupés du monde par le choix du lieu, mais aussi par le protocole, le ballet incessant des assistants, conseillers, officiers de sécurité est effectivement glaçant. C'est par l'image et le rythme qu'il impose à son film que Santiago Mitre suggère le peu d'estime qu'il a pour ces hommes  - une seule femme dans le tableau, la Présidente du Chili - à l'ego sur-développé et qui se soucient plus de leurs intérêts personnels que de ceux de leur peuple.


Parmi eux, le "petit nouveau", Hernan Blanco dont le visage reflète l'honnêteté, la sincérité, le désir de bien faire.... jusqu'à ce que l'intrigue démontre qu'il n'est peut-être pas bon de se fier aux apparences.  C'est dans ce type de rôle que Ricardo Darin excelle. Séducteur comme dans ses premiers rôles mais de plus en plus ambigu, de plus en plus trouble, au fur et à mesure que l'intrigue avance. Capable du pire peut-être, mais sans le visage du "méchant".

Petit plaisir supplémentaire : j'ai retrouvé dans El Presidente l'actrice admirée dans La Fiancée du Desert : Paulina Garcia. 

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