Comment donner envie d'aller voir un film comme La Voix d'Aïda ? Alors que j'en suis sortie le coeur étreint, et la gorge serrée à force d'avoir essayé de retenir les émotions qui me tordaient. Difficile en effet et pourtant...
Aïda est une femme ordinaire, la cinquantaine peut-être, employée comme interprète dans la base de l'ONU située à côté de Srebrenica.
Ce qui s'est passé à Srebrenica, nous le savons tous, même si nous nous sommes empressés de l'oublier et le premier mérite du film est de nous le rappeler, de montrer l'impuissance totale des forces de l'Onu à maîtriser la situation, car les décisions ne se prennent pas sur le terrain, mais dans les états majors qui eux ne voient pas la détresse, le désespoir de ces milliers de gens qui croient pouvoir trouver auprès des soldats de la base, la protection promise.
Ce sont ces faits historiques que Jasmila Žbanić met remarquablement en scène. Mais elle fait mieux encore en confiant à son personnage le rôle d'incarner la tragédie. Aîda est (relativement) protégée par ses fonctions d'interprète, mais son mari et ses deux fils qui sont dans la foule, ne le sont pas. Et lorsque la base doit être évacuée, son choix devient celui de Sophie dans le roman de Styron. Juste inconcevable.
La voix d'Aïda n'est pas un film divertissant. C'est un film qui va au fond de la noirceur humaine, celle que l'on ne conçoit qu'avec difficulté et qui pourtant existe. Et c'est la raison pour laquelle c'est un film important, un film qui laissera des traces en nous.
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