La fatigue du matériau est un livre dérangeant et certaines pages resteront gravés pour longtemps dans ma mémoire puisqu'il s'agit de suivre les trajectoires, très vite dissociées, de deux frères qui ont choisi l'immigration. D'où viennent-ils ? Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Cela n'a pas d'importance ce sont deux migrants, du genre de ceux qui font parfois la une des journaux.
S'agit-il encore d'un roman ? A peine parce que la part de réalité emporte tout. Et que les conditions dans lesquelles les passeurs déplacent les migrants est pire que tout ce que l'on peut imaginer. Bien qu'une fois débarqués dans un pays, une région dont ils ne savent rien, où tout est pour eux source de danger, le froid, la faim, les chiens, les gens - surtout les gens - on se demande si l'on peut encore distinguer le mal du pire. Ils sont seuls puisque très vite les deux frères sont séparés et la seule chose qui les fait avancer c'est l'espoir de plus en plus ténu de retrouver l'autre.
Mieux vaut prendre son souffle avant de se lancer dans la lecture du livre de Marek Sindelka et l'on est souvent tenté de le reposer, parce que nous, lecteurs, pouvons sortir de l'enfer. Pas les migrants !
Mais la parole de l'auteur est si juste, modeste même, que l'on continue, presque apaisé par l'alternance des deux voix dont on espère jusqu'au bout qu'elles finiront par se rejoindre ...
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