30 mars 2023

Agnès Ravatn, Le Tribunal des oiseaux


 Un huis-clos et deux personnages aussi étranges l'un que l'autre. C'est assez malin de la part d'Agnès Ravatn de les avoir installés au fond d'un fjord perdu, loin de tout et en pleine nature. Pas besoin de murs pour créer une atmosphère étouffante. 

Pour rompre avec son passé, Allis a accepté un poste d'auxiliaire de vie auprès de Sigurd, bel homme dans la quarantaine qui a besoin de quelqu'un pour s'occuper de la maison et du jardin pendant l'absence de sa femme. Dès le début tout est un peu étrange voire franchement suspect.  Allis est à peu près aussi ignorante en cuisine qu'en jardinage, Sigurd passe son temps enfermé dans son bureau, l'absence de sa femme reste sans explication, les questions de l'épicière du village sont de plus en plus insidieuses ... la tension ne cesse de monter et le roman se poursuit déjouant toutes les hypothèses du lecteur. Le Tribunal des oiseaux n'est pas à proprement parler un roman policier, mais de façon assez subtile, il installe un sentiment de malaise que l'auteur suspend momentanément pour mieux jouer avec les nerfs du lecteur et faire monter la tension jusqu'aux dernières pages.


28 mars 2023

Lorena Salazar, Vers la mère

 


Avec une couverture pareille, on imagine un grand roman exotique, une aventure dans la jungle ... Exotique, cette descente du fleuve Atrato l'est bien un peu, mais pas plus que cela. Car le vrai sujet est celui de la maternité puisque le voyage est entrepris par une femme (blanche) qui conduit le garçon qu'elle a adopté vers sa mère "biologique" (noire). Un voyage de plusieurs jours,  du temps pour parler, pour se confier ; des gens simples et une écriture aussi plate que l'eau du fleuve. La seule tension provient de la présence intermittente des  guérilleros dont les exactions ont marqué toute l'histoire de la Colombie. L'accrochage des deux thèmes, guérilla et maternité, paraît un peu ... artificiel, bien que tout à fait conforme à la réalité du pays. 

27 mars 2023

Ojoloco 2023, Chii 76

Le festival n'a pas encore officiellement commencé. Mais déjà quelques films sont à l'affiche dont ce Chili 76 de Manuela Martelli. 

Chili 76 est un film de facture très classique, ce qui, au fond est assez raccord avec le personnage : Carmen incarne d'une certaine façon la bourgeoisie chilienne dans toute sa splendeur : élégante, coiffure sage, collier de perle, Carmen, dont le mari, médecin, est resté à Santiago, supervise la réfection de sa terrasse dans la maison de vacances où, avec l'aide de sa bonne, elle accueille ses petits-enfants et leur parents. Bonne catholique, elle accepte à la demande du prêtre de sa paroisse, de soigner un jeune homme blessé par balle.


Tout le talent de la cinéaste consiste à en dire moins pour en suggérer plus, car c'est à l'éveil d'une conscience politique que l'on assiste dans ce film précisément daté : 1976, soit 3 ans après le coup d'état de Pinochet. La répression contre les opposants est terrible et chacun se méfie de chacun. Rien n'est montré de la violence d'Etat, pourtant constamment suggérée par les non-dits, les regards échangés, les allusions, les précautions prises par les opposants à la dictature. Les dialogues, sans être explicites, sont lourds de sens, même à la table familiale. Le film rend parfaitement ce sentiment d'oppression, cette impression d'être constamment surveillé. 

Chili 76 n'est pas un documentaire sur la dictature chilienne, mais un film sur la façon dont un individu est amené à réagir.  Qu'est ce qui pousse Carmen à aider ce jeune homme ? Elle ne le fait certainement pas par idéologie politique. Charité chrétienne ? Sens moral ?  Altruisme ? Carmen est une femme ordinaire qui  s'occupe de sa famille, de sa maison, prépare un anniversaire, rend service à ceux qui en ont besoin parce qu'elle ne sait pas faire autrement. Pourtant, à un moment ou à un autre - au spectateur de trouver - elle commet une erreur. Et la tragédie survient. Dont elle se sent responsable. 

Voilà en tout cas un bon film à mettre au crédit du festival.

24 mars 2023

La Plage, Aix-les-Bains


A la recherche d'un restaurant pour un déjeuner dominical, je suis tombée sur un bel exemple d'architecture balnéaire des années 30. L'oeuvre de l'architecte Roger Pétriaux.

  

Le restaurant, la vue sur le lac... mais surtout la possibilité d'imaginer touristes et vacanciers d'autrefois, au milieu de ces bâtiments.


 

Le solarium avec son parasol de béton et la vue sur le lac. 

[La Plage d'Aix. Le solarium] / S. n. Aix-les-Bains : Télé, [195 ?]. 1 carte postale ; n. et b. ; 10 x 15 cm (AC Aix-les-Bains. 12 Fi 1_0638)

23 mars 2023

Christian Lax, L'Université des chèvres


 Le dessin est superbe, les couleurs très douces, et l'histoire, bien qu'un peu trop didactique, a tout pour plaire à ceux qui sont convaincus que savoir lire, écrire et calculer ouvre bien des portes et qu'enseigner est le plus beau des métiers. 

L'histoire commence en 1833 et s'intéresse à un personnage qui emprunte les sentiers escarpés  des Alpes du Sud pour y exercer son métier et sa passion : Fortuné est instituteur itinérant. On le retrouve un peu plus tard  sur les mesas d'Arizona où il apprend à lire et écrire aux jeunes Hopis. Une de ses lointaines descendante devenue journaliste est envoyée en reportage en Afghanistan; elle rencontre Sanjar qui n'a qu'une idée en tête : apprendre à lire, à écrire, et à calculer aux enfants des vallées perdues. Instituteur nomade lui aussi qui se heurte, comme Fortuné, à l'obscurantisme surtout, quand il s'agit de l'éducation des filles. Répété à travers le temps et l'espace, le message est clair, magnifié par le dessin limpide, épuré de Lax.  Mais quand la violence prend le pas sur l'éducation, il y a de quoi désespérer. Malgré la beauté des images.


19 mars 2023

Goutte d'or

Goutte d'or est un film un peu décalé qu'il faut aller voir sans a priori, en faisant confiance au réalisateur, Clément Cogitore, pour nous emmener hors des chemins battus, comme il l'a déjà fait avec Les Indes galantes ou Braguino. 

Goutte d'or commence comme un documentaire sur les pratiques d'un prétendu Marabout dont le succès irrite sérieusement ses concurrents. Ce qui le différencie des autres, c'est le recours à la technologie et surtout l'organisation de son business comme une véritable petite entreprise dont les profits sont ensuite répartis entre les différents employés. Mais une fois le personnage mis en place comme un  escroc à la petite semaine, le film bascule dans une autre direction lorsque Ramsès - car tel est son nom -  répond à l'injonction de gamins aussi paumés que violents qui lui demandent de retrouver l'un des leurs, disparu depuis 2 jours. Ramsès retrouve effectivement le cadavre du gamin et à partir de là, le film glisse sur un fil qui oscille en permanence entre le réel et le surnaturel. Ce qui est assez habile, car le déroulement de l'enquête policière qui donne du rythme au fil, permet de montrer les bas-fonds quasi hugolien de la ville tout en laissant entendre que des forces surnaturelles - maléfiques ou bénéfiques - sont peut-être à l'oeuvre pour guider les personnages. 

Karim Leclou avec ses allures de nounours costaud capable de passer de la tendresse à la violence en un instant, est parfait dans son rôle. Le film est à son image, sans rien de manichéen. C'est au spectateur de décider où est le bien ou est le mal.



18 mars 2023

Kirstin Innes, Reine d'un jour

Il y a des livres qu'on lit avec passion parce que parce que l'intrigue est particulièrement ... intrigante. Ou parce que les personnages sortent du commun sans pourtant être des héros. Parfois on se laisse séduire par la nouveauté d'une écriture, ou bien encore par ce que le roman nous dit de notre société, voire de notre humanité. 

Reine d'un jour, premier roman traduit en français de Kirstin Innes a tout ses atouts. Et je l'ai lu en m'étonnant à chaque page de la maîtrise de la romancière qui, mine de rien, sous prétexte de raconter la vie de Cliodhna Jean Campbell, chanteuse folk écossaise et activiste, fait graviter autour d'elle une cohorte de personnages qui tous, à un moment ou un autre, ont croisé le chemin de cette belle rousse à la forte personnalité. 

Le livre s'ouvre sur le suicide de Clio à l'aube de ses 51 ans, incipit étonnant puisqu'en commençant par la fin, il renonce à créer chez le lecteur cette attente qui lui fait d'habitude tourner les pages. C'est donc à rebours que Kirstin Innes retrace l'existence passablement chahutée de son personnage, en donnant tour à tour la voix à chacun des personnages : autant de points de vue, autant de facettes révélées  si bien que l'on s'interroge constamment sur la véritable personnalité de Clio. 

Reine d'un jour un est roman kaléidoscopique - une mosaïque (?) - qui s'étale sur 50 ans ce qui permet à l'écrivaine de jouer à la fois sur la fiction et sur la réalité puisque, mine de rien, elle retrace l'histoire du Royaume-Unis et surtout de l'Ecosse, sur une cinquantaine d'années, depuis les émeutes de la "poll tax" en 1990 et la chute de Thatcher qui a suivi, jusqu'à l'échec du référendum sur l'autonomie de l'Ecosse en 2014.  Chanteuse folk dont le seul vrai succès en début de carrière était une incitation à relever la tête et à se battre contre les injustices sociales, Clio prend part à toutes les batailles de ce demi-siècle. Ce qui donne au roman de Kristin Innes une toute autre dimension : la littérature n'est jamais plus intéressante que lorsqu'elle s'intéresse au monde tel qu'il va.

17 mars 2023

Sois belle et tais-toi


 Un document qui a certainement sa place dans l'histoire du féminisme. Mais le parti-pris de l'extrême sobriété - pour l'essentiel une succession de plans fixes cadrés de la même façon - finit par ennuyer. D'autant que les propos sont certes instructifs mais un peu répétitifs. Delphine Seyrig a eu la sagesse de ne pas sortir du milieu qu'elle connaît puisque les femmes interrogées sont toutes des actrices, françaises ou américaines ; on peut en revanche regretter que d'autres n'aient pas reproduit le même procédé pour interroger des femmes de milieux différents. Malgré le côté un peu amateur du film,  qui ne correspond sans doute pas à ce que l'on peut attendre d'une véritable enquête sociologique, il constitue, me semble-t-il, un intéressant témoignage sur un moment particulier de l'histoire des femmes.

13 mars 2023

Mon crime

 Le mélange est assez intéressant, même s'il ne m'a pas totalement convaincue. 

En effet, dans son dernier film, Ozon raconte les mésaventures de deux jeunes femmes, respectivement actrice et avocate en devenir.  L'histoire se passe dans les années 30 mais a tout d'une histoire d'aujourd'hui avec un producteur qui abuse de celles qui se croient promises à une grande carrière au cinéma. (Inutile de nommer qui que ce soit ! ) Le décalage temporel est souligné par les dialogues, parfaitement ajustés, parfaitement affutés. Mélanger deux époques pourquoi pas, puisque les comportements masculins et les abus de pouvoir n'ont pas beaucoup changé depuis ... l'invention du cinéma. Ce mélange d'époques est donc à mettre au crédit de François Ozon

En revanche l'importance accordée aux dialogues fait basculer le film du côté du théâtre plus que du cinéma d'autant que la caméra souligne avec complaisance le jeu (à peine) outrancier des deux jeunes actrices, leurs mimiques, leurs oeillades et que les rôles confiés à Fabrice Luchini, Isabelle Hupert, André Dussolier font glisser le film du côté de la farce grandiose. 

La théâtralité du film relève certainement d'un parti-pris, mais, bien qu'il soit mis au service de la cause féministe, j'aime trop le cinéma et pas assez le théâtre pour apprécier pleinement Mon Crime





10 mars 2023

Retour à Séoul



 Le personnage principal n'est a priori pas très avenant alors même que le film est supposé s'appuyer sur l'empathie du spectateur pour lui faire comprendre le parcours difficile de cette jeune femme partie à la recherche de ses racines coréennes et de ses parents "biologiques". Française, parfaitement intégrée, et sans aucun conflit avec ses parents adoptifs, Freddy se retrouve par hasard - c'est du moins ce qu'elle prétend - et sans avoir rien préparé - dans un bureau de l'institut qui garde le dossier de tous les enfants adoptés et facilite les rencontre à la demande des intéressés. 

Volontiers provocatrice et apparemment très libre,  mais plus perturbée qu'elle ne veut l'avouer par la rencontre avec son père génétique, Freddy avance dans la vie, ballottée entre deux cultures, avec la nécessité de faire des choix, sans rien rejeter pour autant. Un des mérites du film est de montrer l'évolution du personnage sur une décennie, les changements, les renoncements, les prises de risque, avec, à terme une forme d'apaisement. 

Même si l'adoption n'est pas au coeur des préoccupations du spectateur, le thème de la double culture, subie ou choisie, est bien une question  qui se pose de plus en plus. Et le film a le mérite d'en montrer les difficultés, mais aussi et surtout les avantages. Deux n'est-ce pas en l'occurrence, mieux que un !


09 mars 2023

Empire of light

Empire c'est le nom du cinéma, un de ces cinémas somptueux, avec grand escalier et rideau rouge. Un cinéma comme on en construisait dans les années ... 50 ? 

Mais là, on est en Angleterre, en1981. Le monde a changé.  Situé en bord de mer, l'Empire a souffert des outrages du temps; la salle de bal - car oui il y avait une salle de bal - n'est plus désormais qu'un décor pour fans d '"urbex" façon Marchand et Meffre (*). Grandeur et décadence ...  L'accès à la terrasse est fermé, mais pas l'accès aux salles de cinéma. Dans une des scènes les plus émouvantes du film, le projectionniste initie le dernier employé arrivé au chargement des grosses bobines et au fonctionnement des énormes machines de projection. Un petit goût de Cinema Paradiso ? En tout cas c'est bien de la magie du cinéma qu'il s'agit. Juste un faisceau de lumière ! Et tant d'émotions.


Dans le film de Sam Mendes, l'émotion vient en partie de l'évocation teintée de nostalgie du cinéma, mais elle vient surtout des personnages qu'il fait vivre en s'attachant aux employés de l'Empire, Hilary et Stephen en particulier. Hilary est une femme au milieu de son âge, pas très épanouie, pas très stable non plus. Soumise à un patron qui abuse d'elle. Lorsqu'elle fait la connaissance de Stephen, le nouvel employé, quelque chose "match" immédiatement entre eux. Une attirance amoureuse ? sexuelle ? Un peu des deux. Un rapport de protection aussi. Lui est en proie au racisme, menacé par les hooligans. Elle, part dans des dérives mal contrôlées par les médicaments. Le film joue habilement de l'ambiguïté des sentiments entre deux personnes d'âge et de condition différentes, sous le regard finalement assez bienveillant des autres employés, dont la solidarité rassure alors que le contexte politico-social est celui des années Thatcher.

Empire of light est un film dont chaque spectateur peut s'emparer selon ses goûts et ses attentes. Film social, film psy, film nostalgique, film drôle. Les acteurs sont tous excellents, même les seconds rôles. L'image magnifique. La bande son ? Zut, c'est rarement ce que je retiens dans un film. Mais elle est certainement très bien. A la hauteur de la mise en scène.


 

 (*) http://www.marchandmeffre.com/theaters

 

08 mars 2023

Jarred McGinnis, Le Lâche

 Le Lâche est un roman. Le Lâche est une autobiographie. Le Lâche est un roman autobiographique. Pour ma part je m'en tiendrai à "roman" même si le personnage qui est resté paraplégique à la suite d'un accident de voiture porte le nom de l'écrivain et partage son handicap. Mais la façon dont l'auteur met en scène son personnage est, elle, tout à fait romanesque. 

A quoi cela tient-il ? Tout d'abord à une qualité d'écriture, en particulier des dialogues, aussi brefs que toxiques la plupart du temps. Cela tient aussi à l'habileté de la narration qui alterne temps forts et temps morts; à la restitution à la fois précise et allusive des événements, au caractère bien trempé des personnages, qu'il s'agisse de Jarred, paraplégique contraint de revenir vivre chez son père parce que son assurance ne paye plus les frais hospitaliers, ou de son entourage proche. Le fils comme le père n'ont en réalité cessé de dériver depuis la mort de la mère, de l'épouse chérie; l'un s'est perdu dans l'alcool, l'autre dans la délinquance. L'un et l'autre ont fuit, incapables de faire face à leur chagrin. Lâches l'un et l'autre. Mais le roman est celui de leur reconstruction, de leur réhabilitation, certains diraient de leur résilience. Il leur faut apprendre à vivre avec leur chagrin, avec leurs dérives respectives.

Le roman de Jarred McGinnis est tout sauf larmoyant. Il est tonique, révolté, violent. Drôle aussi. Accessoirement on y consomme pas mal de donuts, ces beignets trop sucrés et on apprend à cultiver des orchidées !



04 mars 2023

Le Retour des Hirondelles

 

 

Le Retour des hirondelles est un film magnifique. Lent bien sûr puisqu'il s'agit du monde rural dont le rythme est celui des saisons, du soleil et de la pluie. Il faut le temps de labourer, de passer la herse, de semer et de récolter. Il faut le temps que le blé pousse, que les oeufs éclosent. Il faut le temps que les briques de pisé sèchent pour monter les murs de la maison. Il faut surtout le temps que des liens se créent entre les individus. 

Oui, le film dit l'extrême pauvreté des paysans chinois, mais il dit aussi l'amour de la terre, du travail bien fait. Il dit surtout la tendresse, l'honnêteté, la droiture et la bonté.  Car entre Ma Youtie et Cao Guiying, c'est bien au final d'amour qu'il s'agit. Deux taiseux, deux déshérités qu'un mariage arrangé a réunis et qui peu à peu s'apprivoisent.

Il ne se passe pas grand chose dans le film, pas d'actions spectaculaires, pas d'événements hors du commun,  et les dialogues sont rares. Ce qui importe c'est l'attention portée par le cinéaste aux attitudes, aux gestes, aux regards échangés; la caméra scrute les corps fatigués, les vacillements, les visages qui se lèvent, s'attarde sur la main qui soulage, la main qui réchauffe. 

On peut voir dans ce film une critique sociale sévère qui s'en prend autant à la gouvernance politique qu'à la vénalité des individus, à ce monde sans pitié pour les laissés-pour compte de l'avancée économique chinoise. Et c'est bien la raison pour laquelle le film a été censuré et le réalisateur, emprisonné. Mais plus que tout, le film dit l'infinie patience de ceux qui souffrent, dit aussi ce que pourrait être une humanité plus attentive à autrui qu'à l'accumulation de biens. Entre nostalgie et utopie, le beau film de Li Ruijun est de ceux qui marquent profondément.