07 septembre 2024

Arles 2024 : impression d'ensemble

 C'est peut-être prétentieux de parler de vue d'ensemble alors que je n'ai pas vu toutes les expositions et que beaucoup ont été parcourues au pas de course. Toujours est-il que l'on ne peut regarder tant de photos sans se demander, pour chacune d'entre elles, quelle est la raison qui a poussé le photographe à la prendre; on s'interroge sur ses intentions comme sur l'intérêt que soi-même on a trouvé à la regarder. Beaucoup de photos sont tout, sauf évidentes puisque l'effet esthétique, peut-être jugé trop décoratif ne semble plus être la principale préoccupation ni des photographes ni des curateurs. La recherche du beau était-elle d'ailleurs à l'origine de l'art photographique ? Je n'en suis pas certaine. Il s'agissait plutôt d'arrêter le temps en capturant un moment particulier d'une existence, d'un événement.
On a longtemps parlé d'instantanés,  de moments suspendus ...


Je pense à la photo de Lartigue surprenant sa cousine alors qu'elle saute les marches d'un escalier. Et dans le même esprit à la photo de Louis Faurer où l'on voit une femme sauter par dessus une large flaque de pluie.  


 

 

 

 

 

 

 

Saisir au vol un instant de vie, c'est bien ce que font tous les photographes de rue, en particulier Vivian Maier toujours prête à braquer son objectif sur un détail curieux,  le coup de vent qui soulève la jupe d'une femme sur un trottoir de Chicago. Saisir en une fraction de seconde ce qui ne reviendra jamais...

Parmi les photographes présentés à Arles, certains semblent s'inscrire encore dans cette tradition. Mais à partir du moment où leurs photos sont regroupées en séries - souvent consacrées aux aspects les plus sombres de la société - je me demande toujours pourquoi ces photos sont présentées à Arles plutôt qu'à Perpignan. Les photos de Mary Ellen Mark par exemple, me semblent tout à fait relever du photo-journalisme, bien qu'à l'espace Van Gogh elles aient été  présentées sans le texte accompagnateur supposé les expliquer et d'une certaine façon les justifier pour échapper au soupçon complaisance ou même de voyeurisme.

Qu'est-ce qui au fond distingue le documentariste de l'artiste ? Est-il même utile de les différencier ? Peut-être pas, mais d'expositions photos en expositions photos, je continue de me poser la question.  

Un même sujet, trois photos, trois époques différentes, trois photographes différentes - oui, le hasard  et seulement le hasard fait que ce sont des femmes  -   Dorothea Lange (1895-1965),  Vivian Maier ( 1926 - 2009), Mary Ellen Mark (1940 - 2015)

 

Celle-ci répond à une commande de la Farm Security Administration qui pour répondre à la crise des années 30 avait mandaté des photographes pour documenter l'état de la population dans le Sud des Etats-Unis.



Celle-ci ne s'inscrit dans aucun programme, ne répond à aucune demande, mais la scène a frappé la photographe qui passait alors dans la rue. Un instantané aussi intuitif que subjectif.

Un témoignage sur une famille dont la voiture est devenu le domicile, un cadrage et une pose destinée à impressionner, à émouvoir celui qui regarde. 

Indépendamment de toute considération technique ou esthétique, j'aurais a priori, une préférence pour la photo "gratuite", vidée de toute intention, qui se contente de porter un regard sur le monde.

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