La proposition de Christina de Middel s'inscrit parfaitement dans la poursuite de ma réflexion sur la fonction documentaire de la photographie, que celle-ci se contente de faire voir, de témoigner, laissant le spectateur libre de son jugement, ou au contraire, selon le cas, de glorifier ou de dénoncer, imposant ainsi au spectateur une façon de voir et de comprendre. La photo dans ce cas, glisse je le crains vers la propagande. Un outil au service d'une pensée.
Partie du photojournalisme, Christina de Middel s'en est éloignée pour construire des projets plus élaborés puisque, dans l'exposition intitulée Voyage au centre, elle retrace le parcours des migrants à travers le Mexique, depuis le Guatemala jusqu'aux Etats-Unis, dans une installation qui intègre au reportage d'origine, toutes sortes d'images, transformant ainsi le voyage des migrants en fiction héroïque. Un peu à la façon de Jeane Cummins dans American dirt. Certaines images sont mises en scènes, voire crées de toute pièce. Au spectateur de démêler ce qui est vrai de ce qui est seulement vraisemblable voire totalement inventé. Que sait-on au juste de ces migrations si ce n'est ce qu'en disent les médias dont les points de vue sur un sujet aussi sensible, diffèrent nécessairement en fonction de leur appartenance politique.
L'installation photographique de Christina de Middell, laisse le spectateur circuler librement d'une image à l'autre, attiré par l'aspect ludique ou esthétique de certains assemblages, rebutés par d'autres, intrigué souvent, troublé parfois. Les certitudes et les a priori s'effacent au profit du questionnement. En se positionnant à la limite du photo-journalisme et de l'installation artistique, la photographe ouvre, me semble-t-il une perspective intéressante.
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