29 janvier 2014

12 Years a slave

Esclave pendant 12 ans.
Si l'on croit parfois tout savoir sur l'esclavage aux Etats-Unis, et le commerce du "bois d'ébène" entre l'Afrique et l'Amérique, on ignore souvent que certains individus n'hésitaient pas à kidnapper des Noirs libres pour les vendre comme esclave.

Solomon Northup, originaire de l'Etat de New York était un homme libre. Il était marié, avait deux enfants mais abusé par deux malfrats, il a été vendu à un marchand d'esclave. 12 ans d'esclavage, à passer de maître en maître jusqu'à ce qu'enfin il parvienne à prévenir sa famille et retrouve sa liberté.
Son témoignage, puisqu'il s'agit d'une histoire vraie, a été publié en 1853 sous le titre 12 Years a Slave et c'est ce livre que Steve McQueen vient d'adapter au cinéma.


Il s'agit bien sûr d'un film édifiant, classique dans sa facture, et comme tous les films historiques un peu alourdi par la nécessité de reconstituer l'époque, à travers décors et costumes.
Sans doute.
Mais il n'est pas inutile de rappeler les turpitudes dont sont capables certains individus que l'on hésite à qualifier d'humains. Il y a eu, c'est évident, des maîtres moins abominables que d'autres. Mais le film comme le livre rappelle que pour la plupart des planteurs, un esclave n'est jamais qu'un "outil de propriété animé",  selon la formule d'Aristote lui-même (!), un bien dont la valeur marchande est calculé d'après sa seule capacité à travailler. L'esclavagiste n'éprouve aucune culpabilité vis à vis de l'esclave puisqu'il ne le considère pas comme un être humain. Le personnage qui, à mes yeux, incarne mieux qu'un autre l'esprit esclavagiste, ce n'est pas un homme, mais une femme :  Maîtresse Epps.  La violence de ses propos m'a paru pire que tous les coups et sévices physiques infligées aux esclaves.  Son maintien, son port de tête, son accent en font pourtant la quintessence de la "Southern Belle".

L'histoire de Solomon Northup est véridique. Véridique aussi était l'histoire de Nat Turner que William Styron a raconté dans Les Confessions de Nat Turner, un livre auquel je n'ai cessé de penser en regardant le film.
Nat Turner n'était pas un homme libre, c'était un esclave; il est passé lui aussi d'un bon maître (qui lui avait appris à lire) à un mauvais maître.  Il a fini pendu pour avoir conduit une mutinerie qui s'est terminée dans le sang.

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