Philomène, c'est forcément un nom de vieille dame, mais quelle vieille dame ! Elle est, au dire de son compagnon de voyage, un journaliste cynique et désabusé, "un parfait exemple de ce que la religion la télévision et les romans à l'eau de rose peuvent faire sur un cerveau humain."
Car bigote, elle l'est en effet, bien qu'elle ait toutes les raisons de haïr la religion et les religieuses qui l'ont obligée, alors qu'elle avait à peine 16 ans, à abandonner son enfant "conçu dans le péché" et ont toujours refusé, lorsqu'elle en a fait la demande des années plus tard, de lui donner la moindre information qui lui aurait permis de retrouver son fils.
50 ans plus tard, aidée par un journaliste en mal d'emploi - passablement prétentieux et réticent à traiter d'un "sujet de société," lui qui il y peu encore jouait les spin doctors pour le premier ministre - elle part sur les traces de ce fils auquel elle n'a cessé de penser, année après année.
Le film de Stephen Frears s'inspire d'un fait réel. Sans doute. Mais ce qui m'importe c'est ce qu'il en fait. Or Philoména est avant tout un pamphlet virulent contre la religion, ou plutôt contre l'interprétation qui en est faite par des êtres frustrés et malfaisanst comme le montre la scène de rage de la vieille religieuse qui, même arrivée au bout de sa vie, continue de vouloir punir Philomena comme si elle n'avait pas déjà suffisamment souffert dans son corps et dans son âme.
Le propos de Stephen Frears a de quoi réjouir les mécréants et choquer, sans doute, les âmes pieuses. C'est pourquoi très habilement le réalisateur construit son film autour du "couple" formé par le journaliste et la vielle dame, lui, le jeune intello sorti "d'Oxbridge, habitué des vols internationaux et des grands hôtels ; elle un modeste vieille dame, un rien obstinée qui juge avec son coeur plus qu'avec son intelligence. Le procédé a déjà beaucoup servi, il est vrai , mais il fonctionne ici parfaitement, sans doute grâce aux talents des deux acteurs, Judi Dench et Steve Coogan.
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