10 janvier 2014

Tel père, tel fils

A l'ouverture du film on se dit que "c'est tellement japonais" !  La course à l'excellence,  la course aux meilleures écoles : le film commence par l'interview/examen de passage d'un petit garçon de 6 ans pour entrer dans une école privée très cotée !  .... et puis finalement non, le  film est sans doute très japonais, mais la question posée est universelle. Qu'est-ce que la paternité ? Comment se tissent les liens entre un père et son fils ?



Tel père, tel fils est bâti, en gros sur le même scénario que le film de Chatiliez, La Vie est un long fleuve tranquille : l'échange de deux enfants à la maternité, découvert alors que les enfants ont grandi dans des familles très différentes culturellement et socialement.  Mais alors que Chatiliez force la charge pour marquer l'écart qui sépare les Groseille des Le Quesnoy, une caricature souvent grossière dont le principal objectif est de faire rire,  le cinéaste japonais Hirokazy Koreeda met l'accent sur la relation entre un enfant et son père. 
Le père biologique de Keita est un homme jovial, un électricien habile de ses mains,  peu soucieux de réussite sociale, un gentil hurluberlu toujours prêt à jouer avec ses enfants, à passer du temps avec eux. Un père affectueux et attentionné.
L'autre père, est un architecte de renom, dont la réussite sociale est évidente, un homme exigeant, qui entend donner à son fils tous les atouts qui lui permettront d'entamer à son tour un parcours d'excellence. Un père affectueux sans doute, qui consacre néanmoins plus de temps à sa carrière qu'à son fils. Sa femme, en bonne Japonaise, a déjà renoncé à ses propres ambitions professionnelles pour se consacrer entièrement à l'éducation de l'enfant.
Deux exemples de père dont aucun n'est exactement un modèle.

Le cinéaste, sans pousser plus loin la caricature, se contente de montrer qu'il existe deux façons d'être père. Il propose ainsi au spectateur de s'interroger à son tour sur les liens du sang, sur une filiation qui se ferait essentiellement par les gènes ou, au contraire, par l'éducation. et tout simplement l'amour. En fin de compte, que les deux enfants soient "échangés",  chacun retournant dans sa famille "biologique" ou qu'il restent dans leur famille d'origine, importe moins que la prise de conscience de ce qui unit un père à son fils.
Vu du côté de l'enfant, le film suggère aussi qu'un fils ne ressemble pas nécessairement à son père ! Pas plus qu'il n'a l'obligation de se conformer aux expectations  de son père ou de combler ses aspirations quand ce n'est pas compenser ses frustrations.

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