28 décembre 2020

Ex Libris, New York Public Library

 Grâce au confinement .... si, si, le confinement peut avoir des aspects positifs !  grâce au confinement donc j'ai pu voir le très long documentaire de Wiseman sur la bibliothèque publique de New York,  Ex Libris. J'avais manqué  ce film lors de sa sortie en salle et ce n'est pas plus mal parce que j'ai pu fractionner les 3h18 du film, revenir sur certains épisodes plus significatifs que d'autres, accélérer des passages un peu trop longs à mon goût, bref me l'approprier et faire avec ce film ce que je fais avec les livres dont personne ne règle ma vitesse de lecture. Visionner un film à son gré, sans dépendre d'un horaire imposé est un vrai plaisir, mais qui ne me fait pas oublier celui des grands écrans et de la connivence qui s'établit forcément entre les spectateurs, dans une salle de cinéma. 

Ceci étant dit, j'ai beaucoup aimé le film de Frederick Wiseman parce que dans tous ses films il prend le temps de s'intéresser aux gens et aux institutions mais sans pour autant les juger et donc les commenter. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il se réfugie derrière une soit-disant neutralité. Parce que c'est lui qui dirige sa caméra sur ce qui l'intéresse et c'est aussi lui qui choisit parmi les heures d'enregistrement, les passages qui lui paraissent les plus significatifs. C'est donc bien son regard qui donne son sens au film.

 

 Or ce que l'on voit c'est une institution new-yorkaise, financée en grande partie par des fonds publics, mais pas seulement, tout entière au service d'une communauté. Le mot revient comme un leitmotiv, et presque une obsession dans les réunions auxquelles nous assistons par caméra interposée : "to serve the community". Or cette communauté, à New York, est d'une diversité extraordinaire ! Ce qui explique que chaque branche ait ses propres particularités, ses propres préoccupations. Car la Bibliothèque publique de NY, ce n'est pas seulement le grand bâtiment néo-classique de la 3e avenue, avec ses deux lions de pierre qui en gardent l'entrée, non ce sont autant de branches que de quartiers (88) sans même compter les centres de recherches. Un outil absolument fabuleux dont les responsables ont depuis longtemps compris que leur rôle n'était pas seulement la conservation des livres, ni même leur diffusion, mais qu'il leur appartenait de permettre à un maximum de citoyens d'accéder au savoir. La bibliothèque n'exclut personne, elle est au contraire un facteur d'inclusion essentiel. C'est je crois cette fonction sociale de la bibliothèque que le film de Wiseman met en valeur.


J'aime la façon dont sa caméra se pose sur les visages des utilisateurs de la bibliothèque, qu'ils soient en train de lire, ou de regarder un écran d'ordinateur, qu'ils soient en train de participer à une réunion, de déambuler  ou de dormir. Et soudain j'imagine un autre film, qui ne serait que la succession de ces visages, sans voix off, sans rien, mais qui a lui seul dirait la diversité sociologique de New York ....

Et j'avoue, avoir beaucoup aimé aussi tous les moments où la caméra, pour se rendre d'un bâtiment à un autre, sort dans les rues de NY et filme la ville. Tellement, tellement l'impression d'y être, de me retrouver au coin de telle ou telle rue. Le bruit, les couleurs, les lumières et surtout les gens, la foule... presque aussi bien qu'un voyage. 

Je me souviens avoir eu la chance, de travailler sur un projet de recherche qui impliquait que je consulte le fond ancien de la bibliothèque. C'était en janvier, il y a longtemps et dehors le froid était glacial, mais en circulant dans les couloirs et les salles de la bibliothèque, j'oubliais le froid, émerveillée par la richesse de l'outil mis à ma disposition, moi qui n'étais même pas citoyenne de NY. Juste de passage.

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