05 avril 2021

Daniel Kehlmann, Les Arpenteurs du monde

Alexander von Humbolt, naturaliste, géographe, explorateur et Karl Friedrich Gauss, mathématicien, astronome, physicien.  Allemands tous les deux.

Deux grosses têtes, deux individus peu ordinaires dont Daniel Kehlmann entreprend de raconter la trajectoire comme s'il s'agissait de personnages de roman. Il s'amuse à souligner les extravagances de l'un et de l'autre, de montrer leur génie qui souvent s'apparente à de la folie, leurs obsessions et la façon pour le moins surprenante dont souvent ils appréhendent la réalité ordinaire, celle dont s'accommode le commun des mortels, mais dont eux-mêmes ont bien du mal à comprendre le fonctionnement. 

Le roman est brillant, drôle, enlevé; on se dit que Daniel Kehlamnn a sans doute pris un certain nombre de libertés par rapport aux biographies officielles, que les explications scientifiques sont peut-être justes ou peut-être pas, mais que l'écrivain s'est bien amusé en écrivant cette double histoire qui finit par n'en faire qu'une puisque les chemins des deux savants finissent par se croiser. 

Pour ma part je me suis bien amusée avec ces deux personnages au caractère de cochon  et je me dis qu'il y a forcément quelque chose de vrai dans la peinture de ces savants si passionnés par leurs découvertes, si attachés à vouloir expliquer le monde, si concentrés sur leurs chiffres, leurs cartes, leurs instruments qu'ils en oublient tout le reste .... leur famille, leur santé ...

Que ces deux savants aient contribué, de façon magistrale à l'avancée de la science est indéniable. Mais Daniel Kehlamn s'en soucie moins que des conditions dans lesquelles ces trouvailles, ces découvertes ont été faites. Et c'est ce léger décalage entre les faits et leurs à-côtés qui est au coeur même du roman. Car le romancier peut se permettre de jouer avec la vérité et de prendre les libertés qu'un vrai biographe ne peut s'autoriser.
 

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