19 avril 2021

Daniel Saldaña Paris, Plier bagage

Quel rapport entre le titre original El nervio principal et sa traduction française ? Voilà ce qui me laisse soudain perplexe car si le titre français fait immédiatement sens - la mère du narrateur a effectivement plié bagage et abandonné sa famille, du jour au lendemain, sans donner la moindre explication - le titre espagnol est a priori plus ambigü,  sauf à le traduire par "nervure principale" plutôt que "nerf principal".

"Teresa est partie un mardi à midi". Elle est partie dans le Chiapas rejoindre les Zapatistes. Mais pour un enfant de 10 ans (le narrateur) cela ne signifie pas grand chose si ce n'est le vide, le sentiment d'abandon et le bouleversement de sa vie familiale puisque ni son père, ni sa grande soeur, pris dans leur propre désarroi, ne se soucient de le réconforter.


 L'écriture est sans fantaisie, et parfois même un peu plate, mais suffisamment précise pour permettre au lecteur de se projeter dans la tête de l'enfant et de partager ses angoisses, ses fantasmes, les petits rituels qui lui permettent de continuer à avancer, comme les pliages d'origami ou les feuilles d'arbustes qu'il s'obstine à vouloir plier en deux par "la nervure principale"; et puis soudain l'audace, ou l'inconscience qui le pousse  à prendre place dans un bus qui doit le mener à San Cristobal de las Casas, capitale du Chiapas, où il espère retrouver sa mère. L'auteur reprend alors son récit 20 ans plus tard, après la mort du père jusqu'à la révélation finale.   

Plier bagage n'est pas vraiment un roman réconfortant. Parce qu'il montre le fossé d'incompréhension qui sépare le monde de l'enfance de celui des adultes. On aimerait pouvoir aider ce gamin en manque d'affection, qui, même adulte, garde les stigmates de cet abandon initial.  Mais pour Daniel Saldaña Paris, comme pour Jean Ferrat, c'est évident : nul ne guérit de son enfance.


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