06 avril 2021

Gaelle Josse, Ce matin-là


 "Clara passent le dimanche soir chez ses parents, une habitude. Ils dînent, regardent un film, puis elle va. Ils aiment les classiques, les westerns parfois, les vrais, Rio Bravo et les jambes d'Angie Dickinson, la Charge héroïque, La Prisonnière du désert, L'homme qui tua Liberty Valance. Comme dans une rassurante pureté originelle, le Bien et le Mal, Le Destin et la Justice s'affrontent sans masque sur fond de Monument Valley et de désert Mojave, dans les hennissements des chevaux et le sifflement des balles. On y boit du whisky dans des verres sales et du café amer dans des quarts en métal cabossé, accompagné par la mélancolie de l'harmonica autour du feu de camp. L'amour triomphe avec pudeur des flèches et des serpents à sonnettes; le héros mutique au regard lourd et aux vêtements déchirés va noyer sa mélancolie au son d'un piano bastringue dans les dessous volantés d'une entraîneuse de saloon aux jambes fuselées, avant de reprendre la route de son errance sans fin sur les chemins poussiéreux de l'Ouest. "

Voilà bien une première page de roman où je me retrouve

Mais de western ou même de cinéma il ne sera plus question par la suite. Reste malgré tout, comme une vague rémanence peut-être, la nostalgie d'un moment de l'Histoire où les choses étaient simples, où l'on avait une idée claire de ce que l'on faisait dans le monde. Ce qui n'est plus le cas de Clara qui, d'un coup, lâche prise et se retrouve en "burn out" complet. Sans réponse aux questions qu'elle se pose. Sans direction. Sans repère.


"Burn out", le mot est désormais banal, mais l'analyse de Gaelle Josse, comme son écriture est fine, subtile; elle s'attache à cette jeune femme perdue dans sa solitude, son absence de désirs, face au vide de son existence qu'elle doit d'abord accepter pour retrouver peu à peu l'envie et la force de changer, de  bouger, de partir ailleurs peut-être ...



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