Haïti, une île, un pays. Tellement massacrée depuis si longtemps que l'on se demande comment on peut faire autre chose que survivre, coincé entre la violence des éléments et celle des hommes.
Jean d'Amérique est un poète dramaturge haïtien qui avec Soleil à coudre s'essaye au roman. La langue aux sonorités fortes et au rythme forcené, souvent suggère plus qu'elle ne décrit parce que la misère, quand elle côtoie la prostitution, l'alcoolisme, la violence et le meurtre est impossible à dire avec les mots de tous les jours. Parce que le malheur quand il est quotidien est au-delà des mots.
Tête-Fêlée n'est qu'une petite fille mais dans sa vie tout va de travers depuis le début. Son vrai père s'est barré à sa naissance, sa mère se vend au plus offrant, et celui qu'elle appelle papa, un tueur à la solde d'un chef de gang, n'hésite pas à l'engager dans ses combines illégales. Son seul réconfort dans cette vie de misère c'est une compagne de classe, la fille d'un professeur...
Jean d'Amérique n'épargne pas son lecteur. Pourquoi le ferait-il puisqu'il ne fait que refléter la réalité de cette île maudite, qui n'échappe à une dictature que pour retomber dans une autre, où les gangs et autres escadrons de la mort règnent en maîtres. Non Jean d'Amérique ne cherche pas à séduire, il cherche juste à faire comprendre autant qu'à émouvoir. Mais si je comprends ses intentions, je suis malgré tout restée trop souvent en dehors du récit. Peut-être parce que la langue qui se veut brute autant que brutale est très/trop travaillée. Peut-être aussi parce que Soleil à coudre est un texte à dire, plus qu'à lire.
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