28 juillet 2022

As tears go by

 

Il y a au moins deux films dans ce premier film de Wong Kar-Wai. Un film de mafia hongkongaise, avec lutte à mort entre deux gangs. Et un grand film d'amour. Deux genres à priori incompatibles qui risquent de perturber les spectateurs. Les uns trouveront le film trop sirupeux, les autres le trouveront trop violent, mais c'est pourtant dans cette bipolarité que le film prend sa force. Le réalisateur en effet choisit de faire incarner ces contradictions dans un seul personnage : Wah, une petite frappe au coeur tendre. Le jeune gangster a pris sous sa protection un autre membre du gang, Fly, qui a l'art de se mettre dans de mauvaises situations. Wah intervient chaque fois pour le tirer de ce mauvais pas. Et cela donne des scènes d'une grand violence, de quoi satisfaire les amateurs du genre. Mais Wah tombe amoureux d'une sienne cousine, une jeune femme avec qui il pourrait imaginer un mode de vie différent, une vie de couple ordinaire. 

La réussite de Wong Kar-Wai tient à sa façon de filmer aussi bien les scènes d'amour, les scènes ou les corps se frôlent sans oser à peine se toucher, laissant juste assez de place pour le désir et les scènes de combats à mains nus, ou avec armes et pas toujours à la loyale. Elle tient aussi à la création d'un personnage, qui ne recule devant rien et surtout pas le meurtre, mais garde en dépit de tout, une certaine rigueur morale, celle qui, malgré le risque de tout perdre, même l'amour, même la vie, l'oblige à tenir la promesse de protéger un ami.  

Film de commande peut-être ce premier film de Wong Kar-Wai, mais on y devine toutes les prémices d'une belle carrière cinématographique. 

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