09 août 2022

John Woods, Lady Chevy


Lady Chevy a toutes les qualités et tous les défauts d'un premier roman. L'invention de personnages hors du commun, de situations inédites, de lieux insolites, le sens du drame et de la tragédie, l'efficacité de l'écriture, autant de poins qui ont valu à son auteur, John Woods d'être immédiatement encensé par la critique. Oui, mais ... Lady Chevy a aussi les défauts d'un premier roman, celui d'en faire trop, d'en rajouter pour faire bonne mesure au risque d'épuiser toutes les sujets à la première donne. 

Lady Chevy, le personnage principal est une jeune fille obèse,  qui termine ses années lycée avec la ferme intention d'intégrer l'Université de l'Ohio pour échapper à sa misérable condition. Elle est intelligente, a de bons résultats scolaires, et bien qu'elle soit souvent l'objet de moqueries à cause de son poids (grossopobie), elle est aussi énergique que déterminée. Oui mais voilà : elle vit dans un trou perdu de l'Ohio, un Etat qui a compté sur les mines de charbon pour faire vivre sa population, mines peu à peu fermées et remplacées par l'exploitation des gisements de schiste dont on connaît la dangerosité (alerte écologie). Son père se noie dans l'alcool, sa mère court les hommes, son jeune frère est épileptique . (Famille aimante mais dysfonctionelle!). Son grand-père est le chef de la section locale du KKK; son oncle a fait la guerre d'Irak et souffre de SPT ....le shérif - le personnage le moins crédible - est un adepte de la philosophie allemande, Nietzsche en tête (théorie du surhomme) et profite de son statue pour éliminer ceux qui le dérangent (darwinisme social?). 

D'accord l'auteur en fait trop, vraiment trop. Mais il y a des coins d'Amérique où la vie est vraiment difficile. Et il y a malgré tout cette gamine et son envie de faire quelque chose de sa vie. Elle a toutes les qualités requises, l'intelligence, la volonté, et ... une conscience du bien et du mal pour le moins relative. Sa façon, souvent très instinctive,  de lever les obstacles fascine - oui, elle est capable de ça ! - et fait cependant horreur. Faut-il pour contrer les déterminismes sociaux qui l'accablent en arriver au meurtre ? 

En tout cas, le roman de John Woods est audacieux et devrait logiquement susciter bien des discussions. .


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