06 août 2022

Sara Mesa, Un amour


 Le roman de Sara Mesa a été désigné "meilleur livre de l'année" par les grands journaux espagnols. Et je m'interroge. Parce qu'il n'y a rien de vraiment plaisant dans ce roman qui est plutôt du genre déconcertant et passablement troublant. Mais c'est peut-être justement cette capacité à déranger qui fait tout le talent de l'écrivaine ... 

Natalia est une jeune femme qui sur un coup de tête s'est installée dans un village perdu; la maison qu'elle a louée n'est pas en très bon état et le propriétaire est franchement désagréable. Mais elle-même n'est pas très aimable, trop peu sûre d'elle pour établir d'emblée de bonnes relations avec ses voisins. A vrai dire le personnage crée par Sara Mesa, n'a rien de bien sympathique. Les "anti-héroïne" ne sont pas courantes dans la littérature, mais il y a quelque chose de cela dans Natalia, qui ne semble pas toujours savoir ce qu'elle veut, hésite, renonce, s'interroge, doute, fonce avant de faire marche-arrière. Il faut dire que les autres personnages sont aussi étranges, à moins que ce ne soit le regard qu'elle pose sur eux, et ce qu'elle imagine à leur égard.  Sans oublier les rumeurs car dans un aussi petit village, tout se sait.

Alors oui, le roman est glaçant et crée comme un malaise. Le cadre, les personnages, l'intrigue, tout est bien vu, sonne juste, mais reste un peu ... "singulier". Comme si les relations entre les êtres humains étaient toujours faussées dès le départ, fondées sur des malentendus, des a-priori. Une vision plutôt pessimiste de l'humanité chez cette jeune auteure espagnole.

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