17 août 2023

Jakob Guanzon, Abondance

La misère, la vraie misère, quand chaque jour le père compte ce qui reste dans sa poche pour évaluer ce qu'il va pouvoir acheter, comment il va pouvoir survivre un jour de plus et donner à son fils l'illusion d'avoir une vie. Une vie normale ? Pas vraiment puisque "le petit" et son père sont sans domicile autre que le vieux pick-up.


Le roman de Jakob Guanzon pourrait être totalement larmoyant, mais il ne l'est pas parce que c'est d'abord et avant tout un constat sur l'état de la société américaine, lorsque plus rien ne fonctionne, sans aide sociale, ni solidarité de voisinage. L'enfant et son père sont seuls, terriblement seuls. Et le père a beau chercher toutes les solutions possibles, sans ménager sa peine, sa vie a déraillé depuis bien trop longtemps. Car c'est la deuxième piste que suggère le roman. Au départ il y avait une famille d'immigrés, originaire des Philippines, pour qui le rêve américain n'a pas tenu ses promesses, mais a crée frustrations, colère et violence. En  construisant son roman autour de la figure d'Henry, en imaginant l'adulte qu'il est devenu, mais aussi l'enfant qu'il a été l'auteur montre à quel point son passé peut conditionner un être humain, il montre que les capacités de résilience d'un individu sont fragiles et dépendent grandement de la façon dont la société traite ses membres. 

Alors le titre ? Abondance, vraiment ? Indigence, dénuement, pauvreté  paraissent plus appropriés.  Parce que la seule chose qui abonde ici ce sont les ennuis. Comme une application de la loi de Murphy. Pourtant il n'y a rien de plaintif dans ce roman. Juste un constat. Et beaucoup d'empathie.

Aucun commentaire: