Une mère, Olfa, et ses quatre filles, toutes musulmanes, mais les deux ainées sont devenues intégristes et sont parties en Libye
Rien n'est simple dans ce film dont le dispositif, entre fiction et documentaire met en scène un fait réel. Rien n'est simple parce qu' Olfa joue son propre rôle, mais elle est remplacée par une actrice professionnelle pour les scènes les plus difficiles. Les deux cadettes jouent leurs propres rôles, mais les deux aînées, absentes, sont elles aussi remplacées par des actrices professionnelles. Il n'est donc pas toujours facile de s'y retrouver. Mais en même temps on a parfois l'impression de participer au making-of du film et aux interrogations des unes et des autres sur la façon de jouer ou d'interpréter leur personnage. D'autant qu'un seul acteur tient tous les rôles masculins : le premier époux d'Olfa, le second, et même le policier chargé de l'enquête pour viol...
Cette distribution des rôles souligne les ambiguïtés du film qui, par certains aspects, constitue un document sociologique et culturel tout à fait passionnant sur la façon dont les femmes tunisiennes vivent, coincées comme elles sont entre tradition, religion et modernité. Le passage sur le port du voile (signe de non-conformisme, effet de mode autant que conviction religieuse) est particulièrement intéressant tant il souligne la complexité du sujet. Mais Les Filles d'Olfa prend parfois des allures de psychanalyse sauvage susceptible de mettre mal à l'aise le spectateur peu habitué à l'exposition médiatique de l'intime.
Une chose est sûre, Khaouter Ben Hania est une réalisatrice de talent, qui maîtrise parfaitement sa mise en scène, choisit ses cadrages pour mettre le spectateur à distance ou au contraire pour s'approcher au plus près des émotions, joue des couleurs (noir, rouge, blanc) pour donner de la force à son récit et souligner la vitalité et la force de résilience de ces femmes.
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