27 août 2023

Amina Damerdji, Laissez-moi vous rejoindre

Un premier roman, ce n'est jamais parfait, mais parfois l'ardeur, la fougue emportent plus le lecteur que la perfection. Et c'est le cas avec Laissez-moi vous rejoindre qui met en lumière une femme peu connue de la révolution cubaine. Car oui, à côté des Fidel, Raoul, Ernesto et quelques autres, il y avait aussi des femmes. 

Les choix, a priori audacieux, d'Amina Damerdji sont, me semble-il, plutôt réussis. Elle fait d'abord le choix d'un roman historique, ce qui lui permet de garder une certaine distance vis à vis de ses personnages et ouf ! pas d'auto-fiction ! Elle choisit ensuite de s'intéresser aux prémices de la révolution cubaine : on est au tout début des années 50, avant l'attaque de la Moncada, une période nettement moins connue que l'expédition de la Granma et la guerilla finale. Elle choisit de reconstituer le parcours de Haydée Santamaria, une des deux héroïnes de la révolution cubaine, avec Melba Hernandez. Et c'est une façon astucieuse de montrer l'éveil de la conscience politique chez une jeune fille ordinaire, issue d'un milieu plutôt protégé.  Elle choisit enfin de lui donner la parole à la veille de son suicide, en 1980, alors que rien ne va plus à Cuba et que les cubains fuient l'île par milliers. Ce qui permet, sans s'appesantir de suggérer la fin des illusions pour Haydée, une femme pourtant totalement engagée aux côtés de Castro au moment de la prise de pouvoir et longtemps après. Reste pour la romancière le choix de ne pas se soucier  exagérément de vérité historique, mais de faire vivre de l'intérieur son personnage, de lui prêter sincérité, naïveté, innocence, ardeur, passion, avec même un peu de frivolité et d'insouciance. Et c'est ce qui fait toute la force et le charme de ce roman.

 



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