31 août 2025

Arles 2025 : Une dernière photo


Cette photo de Diana Markossian, fait partie d'un ensemble qui retrace sa recherche de son père dont elle a été séparée à l' âge de 7 ans sans comprendre pourquoi. Mais, pour une fois, ce n'est pas l'histoire qu'elle raconte qui m'intéresse, c'est plutôt la capacité qu' a la photographie de transformer un lieu d'une banalité atroce en quelque chose d'une beauté extrême par la seule captation de la lumière. 

Arles 2025 : Lee Urfan

Passer des photos de Béatrice Helg à la fondation Lee Urfan ou vice-versa a quelque chose d'évident. : c'est la beauté a minima. 

J'avais découvert la fondation Lee Urfan à son ouverture il y a 3 ans, et son travail, quelques années avant lorsqu'il avait exposé ses "cailloux" au Capitole. Je les retrouve avec plaisir sans me lasser. Parce qu' avec, vraiment, le minimum de matériaux, il obtient le maximum d'effet : des blocs de pierre qui n'ont même pas l'air d'avoir été touchés, mais qui sont posés là, comme des évidences;  une paroi courbe de métal rouillé qui s'appuie sur un bloc de pierre à moins que ce ne soit le contraire ; deux traits d'encre sur une feuille de papier ; le bruit des pas sur le gravier, ou celui de l'eau  car oui, parcourir les salles de cet ancine hôtel particulier relève de l'expérience sensorielle autant que de la contemplation esthétique. 


Toutefois, je ne suis pas certaine que l'invitation fait à Pistoletto d'inclure certaine de ses oeuvres à côté de celle de Lee Urfan soit totalement justifiée.  Minimalistes l'un et l'autre, sans doute, mais l'un crie quand l'autre se tait, l'un revendique quand l'autre se contente d'être. 


 

 

Arles 2025 : Beatrice Helg

 

 

 

 

 

 

 

 

Ne me demandez pas si c'est de la photographie?  Si c'est de l'art ?  Si c'est de la photographie d'oeuvre d'art. Je sais seulement que les photos - car ce sont bien des photos -  de Béatrice Helg ne pouvaient trouver de meilleur écrin que les murs du musée Réatu. 

 

 









30 août 2025

Arles 2025 : Sigmar Polke

Juste en passant et pour changer un peu, deux tableaux de l'exposition Sigmar Polke présentée à la fondation Van Gogh. 

 

 

 




Arles 2025 : Kikuji Kawada

 Vague est un lieu d'exposition que je ne connaissais pas encore, un ensemble de salles et de couloirs en sous-sol, investi par Kyotographie, le festival photo japonais crée en 2013 sur le modèle des Rencontres d'Arles. 

La scénographie labyrinthique permet de donner une place à quatre séries composées par le photographe Kikuji Kawada, des séries emblématiques de son oeuvre, sur laquelle le temps n'a pas de prise. Né en 1933, Kikuji Kawada s'est fait connaître dans le monde de la photographie depuis les années 50, lorsqu'il a cré le collectif Vivo. 

Un des points intéressants de l'exposition est la reprise de ses séries par le photographe;  The Map qui constituait une sorte de bilan du Japon d'après guerre devient ainsi Endless map, une carte sans fin qui peut sans cesse être modifiée, complétée, transformée. Les photos de Kikuji Kewada auraient certainement demandé beaucoup plus de temps que celui que je leur ai consacré, peut-être plus d'espace aussi pour permettre de prendre du recul, pour laisser l'esprit se pénétrer de ces photos du ciel nocturne, où passent des nuages, de ces soleils voilés, de ces reflets de lune sur l'eau. Il y a quelque chose de presque angoissant dans la cosmologie de Kikuji Kawada dont les tirages accentuent les noirs. 

 


En réalité, Kikuji Kawada manipule aussi bien les couleurs que le noir et blanc et passe d'une photo quasi abstraite à un autre platement réaliste ou mystique ou simplement drôle. J'avoue que le visionnage de la série Vortex, un défilé en boucle de plusieurs centaines de photos donne le vertige. 

 


P.S. Les photos de Kikuji Kawata sont apparemment postées sur Instagram, ce qui a l'avantage de les rendre accessibles à beaucoup (mais je n'ai pas eu l'occasion de vérifier.) En complément, deux articles à aller chercher sur Internet.

https://www.dazeddigital.com/art-photography/article/68202/1/kikuji-kawada-exhibition-map-endless-photography-arles-hiroshima

https://www.michaelhoppengallery.com/artists/26-kikuji-kawada/ 


 

Arles 2025 : Jia Yu

 Jia Yu n'est pas un professionnel de la photo. Pas un artiste répertorié. Non, plutôt quelqu'un qui s'intéresse au monde autour de lui et accessoirement sait utiliser un appareil photo. J'ai en tout cas trouvé sa démarche intéressante. Il vit et travaille dans une région reculée de la Chine, au bord du plateau tibétain. Au cours de ses randonnées il a photographié les lieux et surtout les gens dans leurs occupations quotidiennes. Puis, des années après, il est retourné sur ses pas pour leur offrir ses photos et les photographier au moment où ils se reconnaissent ou reconnaissent leurs voisins. La photographie comme outil transactionnel ? Oui c'est aussi une de ses fonctions. D'autant qu'en retour les personnes concernées lui ont offert plantes médicinales et autres objets de leur environnement.  

Certes, un polaraïd permet au voyageur lamda de tenter la même démarche, mais ce qui est intéressant dans le travail de Jia Yu, c'est le passage du temps (17 ans entre les deux photos) et le rapport à l'image de ceux pour qui contempler son propre visage n'est pas (encore ?) devenu une obsession. 

Arles 2025 : Letizia Battaglia

 Letizia Bataglia : un nom qui sonne comme un pseudonyme et que l'on n'est pas prêt d'oublier tant la personne est combattive et la photographe audacieuse. Photographier Palerme, sa ville de coeur, est une chose, mais photographier les événements politiques et les meurtres commis par la mafia dans les années 70 en est une autre et demande à n'en pas douter courage et talent. Son combat photographique était aussi un combat politique, auquel Letitzia  Battaglia a fini par renoncer après l'assassinat du juge Falcone.

" mes archives sont remplies « de sang, […] de souffrance, de désespoir [et] de terreur » 


La mort et la violence sont partout dans les photos que prend Letizia Battaglia pour son journal, et ce sont celles que l'on remarque d'abord. Mais l'exposition de la Chapelle du Méjean propose aussi de superbes portraits, portraits d'enfants, portraits de gens ordinaires, portraits de gens de Palerme ou d'ailleurs, comme sculptés par la lumière. 



 Mais le portrait qui fait mal, le portrait inoubliable est certainement celui de Rosaria Schifani, veuve d'un des trois gardes du corps tués dans l'attentat contre le juge Falcone. 


 https://avecunphotographe.fr/letizia-battaglia-une-photographe-impliquee/

 

29 août 2025

Arles 2025 : Todd Hido

 Rien n'est plus plaisant que de parcourir une expo sans rien savoir du photographe présenté. Entre curiosité et circonspection, on avance et puis on bloque sur une photo ... 

Intérieur vide. 

Plus loin, une courte série, vaguement disparate, si ce n'est un rai de lumière sur une chevelure, qui appelle les collages, papiers collés ... 


 D'autres séries, dans d'autres tonalités, nocturnes. Photos d'insomniaque qui tourne dans la nuit au volant de sa voiture. La série est intitulée House hunting. 

 

Je choisis une photo ...

 

Je choisis une maison. J'invente son histoire...


J'invente des histoires pour chacun des maisons. 

 Un lieu, des lieux. La nuit.  Une lumière derrière une fenêtre. Le début d'un roman. 

J'aime quand la photographie sert de support à l'imagination.  Lorsqu'elle permet de traverser la surface du papier, la surface des choses. 

 Todd Hido est le nom du photographe

http://www.toddhido.com/ 

Arles 2025 : Louis Stettner

Si les Rencontres d'Arles sont l'occasion de découvrir de nouveaux photographes et de mieux percevoir l'évolution de la photographie en général, elles permettent aussi de réviser ses classiques, que l'on croit connaître ... mais peut-être pas si bien. 

J'avoue qu'entre les représentants de la photo dite humaniste, j'ai parfois du mal à distinguer les uns des autres. Et j'ai aussi du mal à distinguer photo humaniste et photo de rue. Alors quand je lis sur le site des Rencontres, que Louis Stettner constitue un "véritable pont entre la street photographie américaine et la photographie humaniste française", je me dis qu'il s'agit bêtement d'une question de territoire : quand Louis Stettner est à NY, il fait de la street photography, quand il est à Paris, il fait de la photo humaniste.

 

 

 

 

Mais pourquoi vouloir toujours mettre les oiseaux en cage et des étiquettes sur les photos ?
 

Arles 2025 : Courtney Roy

 Voilà sans doute l'exposition la plus drôle. Ou la plus cruelle. Courtney Roy est une photographe canadienne qui porte sur le monde un regard déterminé : ses photos sont ultra colorées, kitsch et même un peu vulgaires. Parce que, dans la série La Touriste, c'est justement la vulgarité qu'elle met en scène, avec une férocité qu'elle peut se permettre puisque c'est elle-même qui joue le rôle de la touriste, trop blonde, trop maquillée, trop bronzée, trop clinquante. Une esthétique à la Barbie pour poupée vieillissante. 

De qui se moque-t-elle ? De personne en particulier, mais de notre société qui se crée des rêves de toc, des rêves de plastique. Façon Los Angeles ou Miami Beach.

  



On a vite fait de comparer Courtney Roy à Martin Par, mais les deux photographes ne me semblent pas vraiment travailler sur le même registre. Martin Parr s'amuse à prendre ses contemporains sur le vif, repère les situations incongrues, les personnages insolites. Avec une certaine tendresse et sans intention de les dénigrer. Courtney Roy construit un monde artificiel, volontairement outrée, pour raconter une histoire - l'avantage de la série - une approche quasi cinématographique et totalement fictive, même si chacun peut y retrouver une part de réalité. 

28 août 2025

Arles 2025 : US route 1

 

On sait l'importance de la route dans la mythologie américaine, que ce soit dans la littérature, au cinéma ou en photographie.  Parmi les grandes routes qui font rêver les voyageurs, il y a la Route 66 qui va de Chicago à Los Angeles,  et puis il y a la Route 1, qui longe la côte Atlantique, de Key West jusqu'à la frontière canadienne, de Fort Kent dans le Maine jusqu' au Sud de la Floride. Un joli périple de 3813 km ! Une route moins connue, plus urbaine, et tout aussi passionnante.


C'est cette route que Bérénice Abbott, a choisi de documenter en 1954. Voyage de plaisance, la curiosité en éveil et l'oeil ouvert sur ce qui constituait l'Amérique des années 50. Sans intention politique, sans parti-pris. Juste rendre compte de ce qu'elle voit. 

Le noir et blanc uniformise et d'une certaine façon, adoucit les images, que l'oeil fouille à la recherche d'un détail marquant pour mieux saisir une atmosphère.  Un couple noir marche dans une rue tranquille. Une maison banale dans sa modestie, deux entrées, deux appartements. Des estivants autour d'un camion, glace, coca-cola, popcorn. Le drapeau américain dans l'une et l'autre photo. 

Les mêmes images pourraient être prises encore aujourd'hui. Celles d'une Amérique qui, hormis le gabarit des personnages (!) n'a pas radicalement changé ...

Mais l'exposition présentée au Palais de l'Archevêché ne donnait les photos d'Abbott qu'en contre-point du travail d'Anna Fox et Karen Knorr, deux jeunes photographes qui ont décidé de suivre la même route et de confronter leurs images à celles de la grande photographe. 

La confrontation est intéressante, mais pose problème. D'abord parce que la saturation des couleurs fatigue l'oeil, mais surtout parce que les photographes semblent s'intéresser non pas à ce qui est banal ou ordinaire, mais à ce qui, photo après photo, montre l'évolution de l'Amérique. En pire bien sûr ! Il y a, dans leurs photos, une insistance et quelque chose de trop démonstratif, qui me rappelle le vieux débat sur la citation de Stendhal« " [...] un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route."

Entre le monde réel et la photo il y a toujours le regard du photographe, qui choisit de se poser ici ou là. Qui choisit de voir et surtout de montrer ceci et pas cela. Ni l'exhaustivité, ni l'objectivité ne sont le propre de la photographie. Pas plus que du  roman. Il se trouve que le regard d'Anna Fox et de Karen Knorr est aussi caustique que sélectif. Et comme je n'ai enregistré aucune de leurs photos (trop de monde devant moi), il ne vous reste qu'à aller regarder ce qu'en dit par exemple  Télérama. 

L'exposition "met en regard les images en noir et blanc de Berenice Abbott, leur géométrie rigoureuse, leur commentaire acerbe et feutré, et la couleur souvent tapageuse, souvent désolée, que Karen Knorr et Anna Fox ont recueillie sur la route." Laurent Rigoulet

https://www.telerama.fr/arts-expositions/arles-sur-la-route-1-anna-fox-et-karen-knorr-capturent-le-blues-d-une-amerique-repliee-sur-ses-peurs-7026697.php 

27 août 2025

Arles 2025 : La collection Marion et Philippe Jacquier


Eloge de la photographie anonyme, l'intitulé de l'exposition me faisait craindre le pire, parce que des accumulations de photos trouvées dans des brocantes, des poubelles ou sur internet, j'en avais déjà vues. Mais  là, c'est différent. D'abord parce que la collection de Marion et Philippe Jacquier est tout à fait exceptionnelle par son ampleur (10 000 tirages argentiques) et couvre toute l'histoire de la photographie, mais surtout parce qu'elle est présentée intelligemment. C'est-à-dire en séries qui font chacune sens, qui racontent un moment de l'histoire de la photographie, et une histoire tout court. 


Comme celle de Lucette, la voyageuse dont les photos ne représentent jamais un paysage, un monument, un objet quelconque, non sur les clichés en noir et blanc ou en couleurs, il n'y a que Lucette, Lucette et encore Lucette et je laisse les psy s'interroger sur cette obsession du "moi". Une autre série, qui date des années 30 est nettement plus poignante. Le photographe amateur a photographié les lieux où il avait embrassé sa chérie, désormais à des milliers de kilomètres. Une croix rouge ajouté sur la photo pour dire son absence, pour dire le vide. Quant au pharmacien qui a monté tout un dispositif pour photographier à leur insu ses clients quand ils passaient au comptoir, on se demande quelle mouche l'a piqué et il a  certainement bien fait de rester anonyme !  

Les photos présentées dans la salle haute du cloitre Saint-Trophime sont parfois floues ou mal cadrées, mais c'est sans importance. Elles sont drôles, touchantes, surprenantes. Elles ne sont pas signées, mais elles en disent beaucoup sur la personnalité du photographe amateur. Et j'en ai conclu qu'une photo isolée est moins parlante qu'une photo constitutive d' un ensemble. D'où l'intérêt des séries. 

* Petite note à l'intention des Grenoblois : la collection de Marion et Philippe Jacquier a été rachetée par Antoine de Galbert pour en faire don au musée de Grenoble.  Bientôt sur les cimaises du musée ???

Arles 2025 : Construction, déconstruction, reconstruction

Les clubs photo mènent à tout. Le FCCB  (Foto Cine Club Bandeirante) de Sao Paolo était un club de photographes-amateurs, qui, entre 1939 et 1964  ont su saisir les tendances architecturales et esthétiques du Brésil et son goût pour la modernité (lBrasilia, Niemeyer, cinema novo ...  ), juste avant que ne s'installe une nouvelle dictature. 

 
Les photos présentées sont toutes de petit format, en noir et blanc,  avec parfois, un agrandissement peint directement sur le mur de la galerie. 

 

Le modernisme se lit, entre autres,  dans une préférence marquée pour les formes géométriques...

 

  
qui n'exclut pas l'humain pour autant (enfin pas totalement !). 
 
 

 

La photo la plus remarquable, la plus séduisante est sans doute celle qui sert d'affiche à l'exposition, une série de parallèles et de diagonales qui font presque oublier qu'il s'agit d'un escalier. Une photo de José Yalenti (1950)


Mais ma préférence va, peut-être, vers celle de la chaise et du parapluie. Pourquoi ? Parce que c'est le début - ou la fin - d'une histoire. Une histoire à inventer bien sûr. 

Une photo dont j'ai bêtement oublié de noter l'auteur. 


 https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/1616/constructiondeconstructionreconstruction

26 août 2025

Arles 2025 : Jean-Michel André

Par qui, par quoi commencer, sachant que la version 2025 des rencontres d'Arles a été particulièrement riche et que la diversité des expositions a de quoi satisfaire toutes les curiosités. A chacun de tracer son chemin entre les lieux d'exposition familiers et ceux qui sont à découvrir parce qu'ouverts pour la première fois. Plus que jamais, m'a-t-il semblé, les expositions proposées cette année permettent de s'interroger sur les sens  (les sens ? l'essence ?) de la photographie, sur ses objectifs, sur son intérêt, esthétique, documentaire, provocateur. Sur le "pourquoi?"  plus que sur le "comment?" ... 

Illustrateur et photographe, Jean-Michel André présente une série de photos intitulée Chambre 207. Le 5 août 1983 son père et sa compagne ont été assassinés dans leur chambre d'hôtel,  alors qu'il dormait dans la chambre à côté. Il avait 7 ans et le traumatisme a effacé les souvenirs qu'il aurait pu en garder. Comment parler d'un "fait divers" aussi sanglant (8 morts au total) que sordide  ? Comment le restituer alors qu'on en a perdu la trace ?  

Dans une interview à la revue AMA (art media agency), Jean-Michel André explique comment il a travaillé, quelles recherches il a fait et comment il a élaboré ce projet. " C'est un projet qui relève autant de la reconstitution que de la reconstruction". Valeur thérapeutique de la photographie ? Pas seulement parce qu'il ajoute " J'interroge aussi les limites de l'image. Qu'est-ce qu'on peut montrer ? Pourquoi ? Comment ? Et pour qui ?  [...] Comment transformer l'horreur pour en faire une oeuvre.  

 
Je ne crois pas que mes photos rendent bien compte du dispositif qui permet de préserver le visiteur de la réalité des faits.  Une mise à distance à travers des caches, des ouvertures dans une cloison, une alternance de photos sombres, dépouillées, plus ou moins suggestives ....
 
 
 
D'autres plus lumineuses pour évoquer le temps d'avant, celui des vacances et de la vie
 
 

... images inventées pour la plupart parce que la fiction est parfois le meilleur moyen d'appréhender la réalité lorsqu'elle est trop dévastatrice. 

 La photo comme art de la suggestion ...