29 juillet 2019

A.G. Lombardo, Graffiti Palace

Les émeutes de Watts en 1965. Les émeutes les plus violentes de la décénnie qui en a pourtant connu d'autres. Du 11 au 17 août :  7 jours d'enfer ! Un enfer certes circonscrit à ce quartier noir de Los Angeles, mais qui a néanmoins nécessité de faire appel à la garde nationale et qui a causé un nombre de victimes et des dégâts matériels considérables.

C'est la violence et le chaos de ces 7 jours que l'auteur  de Graffiti Palace s'efforce de restituer  avec un chapitre d'ouverture qui est déjà quasi post-apocalyptique puisqu'il invente une ville de métal rouillé dans des containers désaffectés amoncelés dans un coin du port au Sud de la ville. Paumés et marginaux de toutes sortes s'y retrouvent le temps d'une fête autour de Karmann, qui,  Pénélope moderne,  attend le retour de Monk.


Monk, le personnage principal du roman est un "urbanologue doublé d'un sémiologue" qui ne cesse d'arpenter la ville pour en déchiffrer les signes et les codes. Ceux des panneaux publicitaires comme ceux des gangs qu'il consigne soigneusement dans un carnet, dont certains - policiers, membres de gang, activistes de la cause noire  - aimeraient s'emparer.

Le retour de Monk chez lui est aussi semé d'embûches que celui d'Ulysse à Ithaque, une trame romanesque particulièrement efficace pour multiplier les rencontres, les péripéties, les renversements de situation. Mais aussi permettre une réflexion sur la sociologie de la ville et sur l'histoire des Noirs à Los Angeles et dans toute l'Amérique.

Palace graffiti est un roman bluffant, époustouflant, qui embarque le lecteur dans une traversée urbaine pleine de dangers, un monde de folie dont on peine à croire qu'il a jamais été réel alors même qu'il est parfaitement documenté. Pour un premier roman, c'est assez réussi. Et le fait que l'auteur soit blanc ne le discrédite en rien à mes yeux pour parler des Noirs. Après tout, Tony Hillerman n'était pas "indien" et pourtant il a parlé mieux que personne des Navajos et des Hopis.

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