24 juillet 2019

So long, my son

La politique de l'enfant unique a certainement permis à la Chine de limiter l'augmentation de sa population et par là d'améliorer son économie. C'est un fait. Positif sur le plan collectif.
Mais ce qui n'a jamais aussi bien été montré que dans le film de Wang Xiaoshuai, ce sont les conséquences de cette politique sur les individus. Et elles sont désastreuses : contrôle des naissances, avortements et stérilisation forcées. Mais le pire est peut-être la survalorisation de l'enfant en général considéré comme un bien, que l'on peut se procurer moyennant finances. Par deux fois dans le film, le trafic d'enfants est évoqué, puisque les parents dont l'enfant unique, Xingxing,  s'est noyé, sont montrés plus tard dans une autre ville avec une autre enfant, prénommé lui aussi Xingxing. Un enfant qu'ils se sont "procuré" dans des conditions qui ne sont pas précisées mais on imagine un enfant volé, ou acheté ... Dans un deuxième épisode, c'est la maîtresse du père, qui  enceinte, s'apprête à quitter la Chine pour poursuivre ses études et propose de laisser l'enfant à naître aux parents éplorés. Par générosité ? Ou par commodité parce qu'un enfant c'est encombrant.  L'enfant est ainsi devenu un objet que l'on peut donner ou vendre ! L'enfant mâle en tout cas, car dans ce film il n'est bien entendu jamais question de filles !


So long, my son est un film bien documenté qui nous en apprend beaucoup sur la Chine et les Chinois parce que le réalisateur prend le temps de mettre en place tous ses personnages et de les faire évoluer sur une quarantaine d'années.  La chronologie fragmentée, les ellipses exigent un peu d'acrobatie intellectuelle - ce qui n'est pas pour me déplaire  - et  permettent surtout de montrer à quel point la Chine a changé et quels efforts on dû déployer les Chinois pour passer d'une société fondée sur le travail et la soumission, mais aussi sur le collectif, à une société  individualiste qui se noie dès qu'elle le peut dans la consommation. Un changement de valeurs radical certainement difficile à vivre. Aussi difficile que la perte d'un enfant ?

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