27 juillet 2019

Julie Estève, Simple


Simple est un roman avec une voix, celle d'Antoine Orsini, un homme qui rit tout seul et parle à sa chaise, ou à son pied quand la chaise a disparu. Antoine que les gens de son village appellent le "baoul" est un homme simple, et pour tout dire un simple d'esprit. C'est cette voix que Julie Estève fait entendre page après page. Une voix qui raconte la vie de ce petit village des montagnes corses, parce que le baoul traîne partout, voit tout, sait tout et le raconte à sa façon.

Il connaît les histoires de chacun, les amours cachés, les chagrins, les jalousies... Il est le seul à savoir ce qui s'est passé avant qu'on ne retrouve le cadavre de Florence Biancarelli, une jeune fille de 16 ans.

Julie Estève mène son roman comme un roman policier avec un meurtre dès la première page dont on ne connaîtra le vrai coupable qu'à la dernière page. Mais surtout, et c'est une vraie réussite, elle invente pour le narrateur une langue à la fois crue, poétique, mélodieuse aussi, moins simple qu'on ne pourrait le croire, qui joue sur le registre de la gaîté autant que celui de la mélancolie.

Simple est un roman faussement léger mais terriblement attachant.

Aucun commentaire: