Quel étrange film que ce Mr Klein revu il y a peu sur Arte. Etrange et aussi ambigu que M. Klein lui même, ce riche collectionneur qui profite de la situation (on est en 1942 !) pour racheter à bas prix des oeuvres d'art que viennent lui proposer des Juifs aux abois. Premier constat. On peut aimer l'art, et être une ordure !
Mais ce Mr Klein est un bon citoyen qui s'adresse à la police pour savoir qui est cet autre M. Klein que l'on veut faire passer pour lui. "Que l'on veut faire passer pour lui ", il y a donc complot ? machination ? et dès lors tout le monde devient suspect...
Film politique autant que policier, M. Klein entraîne le spectateur dans des dédales kafakaïens et le malaise s'installe jusqu'à la résolution finale. Mais en attendant le spectateur sera entré dans l'ère du soupçon et aura senti tout le poids de l'Occupation, d'autant que la caméra de Joseph Losey excelle à saisir les atmosphères, quels que soient les milieux où elle est amenée à se déplacer : meublé sordide, hôtel particulier très vieille France, appartement bourgeois chic.... et même, scènes de rues nocturnes et vides pour cause de couvre-feu !
Mais la scène qui m'a le plus frappée par son esthétique, c'est celle du cabaret où des bourgeois bouffis se gaussent devant un spectacle grotesque qui caricature les juifs : impossible de ne pas penser à Georg Grozs qui avant même l'arrivée de Hitler au pouvoir avait mis en scène dans ses tableaux, tout ce qu'il pouvait y avoir de délétère dans la société allemande des années 30, amtosphère que l'on retrouve ici transposée dans le Paris des années 40 ! Le film de Losey date de 1976, mais laisse aujourd'hui encore une impression de gène. Sans doute parce qu'en dehors du cabaret, il n'y a pas l'ombre d'un nazi. Et que la rafle du Vel d'Hiv est l'oeuvre de policiers en képis et capelines.
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