09 janvier 2021

Le Cheval de fer

Quel film, mais quel film ! Pourtant il date de 1924. Et il est muet ! Et il dure 2h et des poussières .... Mais il y a tout dans ce film.  L'amour, l'aventure, l'amitié, la trahison, le progrès et la technique, la misère et l'argent, des immigrants -  italiens, irlandais, allemand ou chinois -  et des Indiens,  une jeune héritière prude et  des filles de petite vertu, un jeune homme aussi galant qu'intrépide, un père attentionné, un traître à la solde d'un autre traître...

Mais il y a surtout la construction du chemin de fer qui doit traverser la totalité du continent américain. Pour la période qui concerne le film, il s'agit de faire se rejoindre deux portions, l'une qui partira d'Omaha dans le Nebraska, l'autre de Sacramento en Californie. Deux compagnies, la Central Pacific et l'Union Pacific progresseront à un rythme accéléré pour se rejoindre à Promontory Summit où la jonction des deux voies sera marquée par un clou d'or. Le dernier clou de la voie transcontinentale ! Et ça, ce n'est pas du cinéma.

L'histoire est certes véridique, mais il appartient à John Ford d'en faire une épopée, en y ajoutant suffisamment d'anecdotes et surtout de personnages pour faire vibrer les coeurs tendres et enflammer les téméraires. 

Le travail de Ford est tout à fait remarquable, il alterne scènes intimistes (ah les regards enamourés des deux tourtereaux)  scènes de bravoure (l'attaque du train par les Cheyennes),  glisse quelques intermèdes comiques histoire de mettre en valeur la rivalité des contremaîtres,  et, pour faire bonne dose, ajoute même l'ébauche d'un mutinerie, mais toujours, inlassablement, il revient aux rails et à ces centaines d'ouvriers, mal payés et souvent mal nourris (malgré la chasse aux bisons et le convoi de plus de mille boeufs), qui jour après jour, mètre après mètre, dans la chaleur ou le froid, dans la neige et le vent ont mis bout à bout traverses et rail pour permettre aux locomotives d'avancer. 

Je ne sais pas dans quelles conditions le film a été tourné, mais au nombre de figurants et des moyens employés, je suppose que le budget a été à la hauteur des ambitions du réalisateur, qui n'en était certes pas à son premier film, mais pour qui ce fut certainement un coup d'éclat. On sent dans ce film la fierté de ceux qui font avancer le monde, mais aussi l'enthousiasme de John Ford pour les possibilités infinis du cinéma.


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