30 octobre 2021

La Bourse du commerce

C'est le nouveau musée parisien que je me réjouissais de découvrir, moins sans doute pour la collection d'art contemporain de M. Pinault que pour le travail de restauration du bâtiment. J'avais hâte de découvrir comment le béton de Tadeo Ando pouvait s'accorder avec les volumes et reliefs de l'ancien bâtiment. 

Le résultat m'a laissée plutôt perplexe. L'anneau de béton m'a d'abord paru doubler inutilement la structure initiale tout en ménageant une ouverture vers la verrière de la coupole, source principale de lumière. En attirant le regard vers le haut, cet oculus attire nécessairement le regard vers les fresques qui ornent la partie supérieure du bâtiment accessible par l'escalier qui part à l'extérieur de la muraille de béton.

La fresque, ou plutôt les fresques puisqu'il a été fait appel à quatre artistes différents, semblent illustrer le fameux poème de Voltaire intitulé Le Mondain qui faisait, en 1736, l'apologie du commerce autant que du luxe et de l'abondance.

[...] Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l’un et l’autre hémisphère.
Voyez-vous pas ces agiles vaisseaux
Qui, du Texel, de Londres, de Bordeaux,
S’en vont chercher, par un heureux échange,
De nouveaux biens, nés aux sources du Gange,
Tandis qu’au loin, vainqueurs des musulmans,
Nos vins de France enivrent les sultans ?[...]

En 1889, date de réalisation de ces fresques l'enthousiasme pour le commerce international n'avait pas encore disparu et il est amusant de retrouver dans ces tableaux tous les clichés de l'époque sur la Russie, l'Amérique, l'Afrique et l'Asie (bizarrement associées dans le même panneau) et bien entendu l'Europe, terre des arts...

    http://www.paris-autrement.paris/bourse-de-commerce-pinault-collection-panorama-du-commerce/


Je n'ai pour ma part réussi à photograpier correctement qu'un tout petit bout de la fresque, celui sur la conquête de l'Amérique : la bimbeloterie pour les "sauvages", le drapeau, soit ... mais le casque colonial ?


Le cylindre de béton, les fresques, la coupole, la verrière ... l'ensemble était certes intéressant (plus que les oeuvres exposées  !) mais en définitive l'élément qui m'a vraiment fasciné, c'est l'extraordinaire escalier à double hélice, qui date de la construction du bâtiment. 

29 octobre 2021

Chaïm Soutine

 Le musée de l'Orangerie propose une exposition qui permet de mesurer l'influence de Soutine sur le travail de De Kooning. La comparaison des oeuvres est en effet parlante. 

Mais le premier tableau qui a happé mon regard, c'est le portrait - lourdement encadré - de La Fiancée, une oeuvre qui date de 1923. 

Distorsion du visage,  des épaules et finalement des mains, appuyées sur le dossier d'une chaise : paumes larges, doigts puissants, pour moi des mains d'étrangleuses. Du coup, d'un tableau à l'autre je n'ai plus regardé que les mains ...

 ... des mains démesurées, tordues, déformées,

Des mains rouges de sang ? Peut-être pas puisque celles du Petit Pâtissier ne sont supposées tenir qu'un chiffon, et celles de l'Enfant de choeur sortent à peine des manches de la robe rouge sous le surplis blanc. 

Non, pas de sang sur ces mains. Mais quelque chose dans l'épaisseur de la peinture, dans les formes torturées, qui rappelle la fascination de Soutine pour les pièces de viande, la chair et le sang, comme dans le tableau intitulé Boeuf et tête de veau (vers 1923)

et surtout son grand Boeuf écorché qui rivalise avec celui de Rembrandt.

Crédit photographique : VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX


28 octobre 2021

Prendre son pied ...

à Paris, après presque deux ans d'absence ! 



25 octobre 2021

Jules ?

et Jim n'est sans doute pas très loin. Car ils sont le plus souvent inséparables.

 Pas les miens, encore sauvages, mais difficile de résister.... 

24 octobre 2021

First cow

 S'il y a un film à voir en ce moment, c'est bien celui-là parce qu'il y a, dans l'histoire de cette première vache, tout ce que l'on attend d'un bon film ! 

A commencer par les paysages de l'Oregon, les forêts qui longent la rivière Columbia, celle-là même qui permit à Lewis and Clarck d'atteindre le Pacifique au terme de leur longue expédition. La nature donc somptueuse et quasi sauvage, où des hommes pourtant essayent de s'installer, des trappeurs essentiellement, venus d'ailleurs, de Russie ou de Chine. Ou du Maryland tout simplement comme Cookie, engagé comme cuisinier par une bande de ruffians. 

Film de pionniers ? Western ?  Oui il y a un peu de cela dans le film de Kelly Reichardt, mais un western (puisque l'histoire se passe dans l'Ouest) version réaliste, celle où l'on a constamment les pieds dans la boue et le plus souvent le ventre vide. Celle où quelques planches suffisent à construire une cabane précaire qu'un bouquet d'herbes sauvages transforme en maison. La caméra s'attarde sur les loques dont les hommes se vêtent, sur les visages rugueux, les mains crasseuses, qui témoignent des difficultés affrontées jour après jour et le film prend alors des allures de documentaire, d'autant que la réalisatrice souligne l'écart entre les gens ordinaires acharnés à faire mieux que survivre et les représentants de l'Etat, aussi prétentieux que ridicules. 

Mais le vrai sujet du film, ce qui fait vraiment son intérêt c'est l'amitié entre Cookie et King-Lu, une amitié née d'une rencontre fortuite qui devient vite une évidence; une amitié qui se passe de mots mais qui permet aux deux hommes de partager d'autant mieux leurs rêves que leurs compétences se complètent. Le film peut paraître long par moment, mais il faut du temps pour absorber tout ce que les images montrent, ou simplement suggèrent, tant le cinéma de Kelly Reichardt est riche de sens. Et la scène de la rencontre entre les deux hommes est de celles que l'on n'oublie pas : Cookie errant dans la forêt à la recherche de quoi se nourrir se trouve soudain devant la silhouette à peine devinée d'un homme nu caché sous les fougères, visiblement encore plus démuni que lui. Face à face décisif, celui de la couverture apportée, de la main tendue, de la protection assurée. Joli moment d'humanité. Intemporel.


 Oui j'ai aimé ce film, j'ai aimé ces scènes incongrues, cette vache aux longs cils que Cookie va traire toutes les nuits pour préparer les beignets qui doivent assurer leur fortune. J'ai aimé Cookie le taiseux, et les spéculations incessantes de King Lu, sa façon de tirer des plans sur la comète, sa fougue entreprenoriale pour ne pas dire capitaliste. J'ai aimé jusqu'à l'incertitude qui plane sur la fin, malgré le prologue : on peut mourir d'une balle dans la tête, on peut mourir aussi d'inanition, de froid, mais dans le film de Kelly Reichardt, on ne meurt pas seul.

21 octobre 2021

Palette de peintre

Cela commence tout juste : un peu de jaune, un peu de rouge, encore du vert ....

La lumière est douce, la température aussi.  Il est encore temps de se réjouir avant que tout tourne au gris-maronnasse !



20 octobre 2021

18 octobre 2021

Freda

Et voilà ! Après Aîda, après Julie, Freda ! Encore un film autour d'un personnage féminin  ! Mais ce n'est que le résultat du hasard, promis, juré ! Aïda, coincée entre les Serbes et les soldats de l'ONU. Julie, tiraillée entre toutes les possibilités que lui offre la vie.  Et Freda, dont les choix sont beaucoup plus réduits, mais qui se bat avec toute l'énergie du désespoir. 

Freda est une jeune étudiante, qui vit comme on peut vivre à Haïti, entre la violence des éléments et celle des hommes, auxquelles s'ajoute la misère qui pour être endémique n'en est pas moins insupportable. Julie vit avec sa mère -  une matrone peu avenante, dure et autoritaire -, avec sa soeur gentiment écervelée qui aimerait que sa vie ait la couleur des séries sentimentales de la télé.

Du côté des hommes c'est encore pire : un viol commis par l'ex-de la mère; un frère qui ne se soucie que de sa  nouvelle paire de basket; un petit ami  traumatisé par la violence qui ne pense qu'à fuir Haïti et à s'exiler à l'autre bout de l'île, en République dominicain; un homme politique qui bat sa jeune épouse;  un blanc riche qui engrosse sa petite amie noire avant de l'abandonner.... j'en oublie ? 

Alors oui, il y a un côté un peu démonstratif dans le film de Gessica Geneus, un côté franchement féministe aussi, qui fait de Freda son héroïne parce qu'elle au moins a la tête sur les épaules et qu'elle se bat pour faire quelque chose de sa vie sans pour autant laisser tomber sa famille ou son pays. Et si le film est parfois un peu brouillon ou maladroit, et bien tant pis. C'est un film de conviction et on imagine aisément ce qu'il faut  de conviction pour parvenir à monter un scénario, trouver une équipe et faire tourner une caméra dans les rues de Haïti. Alors oui j'ai aimé Freda, malgré ses défauts. Ou peut-être à cause même de ses défauts.



 


 


14 octobre 2021

Julie en 12 chapitres

 Quelques jours plus tard, j'en suis encore à me demander si j'ai aimé ou pas aimé ce film. Difficile à dire... Une chose est sûre, Joachim Trier a réussi avec ce film un beau portrait de femme. Et il faut bien 12 chapitres, plusieurs boulots, plusieurs amants pour arriver à cerner cette jolie trentenaire qui cherche ce qu'elle veut faire de sa vie et ce faisant se cherche elle-même. Julie tâtonne, se lance, s'arrête, fait demi-tour, se trompe, repart....ces tergiversations correspondent bien à la multiplicité des possibles que la société offre désormais à cette génération qui n'a aucune envie de se retrouver coincée dans une voie qui, au final, pourrait bien n'être qu'une impasse. Choisir implique forcément un renoncement à d'autres possibles et c'est sans doute la raison pour laquelle Julie refuse la maternité. Un choix qui peut en effet faire peur, parce que définitif. 

Mais au moins elle s'interroge, se pose des questions et surtout continue d'avancer avec une belle énergie et c'est finalement la vitalité du personnage qui retient l'attention.


12 octobre 2021

La voix d'Aïda

 Comment donner envie d'aller voir un film comme La Voix d'Aïda ? Alors que j'en suis sortie le coeur étreint, et la gorge serrée à force d'avoir essayé de retenir les émotions qui me tordaient. Difficile en effet et pourtant...

Aïda est une femme ordinaire, la cinquantaine peut-être, employée comme interprète dans la base de l'ONU située à côté de Srebrenica. 


Ce qui s'est passé à Srebrenica, nous le savons tous, même si nous nous sommes empressés de l'oublier et le premier mérite du film est de nous le rappeler, de montrer l'impuissance totale des forces de l'Onu à maîtriser la situation, car les décisions ne se prennent pas sur le terrain, mais dans les états majors qui eux ne voient pas la détresse, le désespoir de ces milliers de gens qui croient pouvoir trouver auprès des soldats de la base, la protection promise. 

Ce sont ces faits historiques que Jasmila Žbanić met remarquablement en scène. Mais elle fait mieux encore en confiant à son personnage le rôle d'incarner la tragédie. Aîda est (relativement) protégée par ses fonctions d'interprète, mais son mari et ses deux fils qui sont dans la foule, ne le sont pas. Et lorsque la base doit être évacuée, son choix devient celui de Sophie dans le roman de Styron. Juste inconcevable.

La voix d'Aïda n'est pas un film divertissant. C'est un film qui va au fond de la noirceur humaine, celle que l'on ne conçoit qu'avec difficulté et qui pourtant existe. Et c'est la raison pour laquelle c'est un film important, un film qui laissera des traces en nous.



10 octobre 2021

Leonardo Padura, Passé parfait

Et bien, je me suis enfin décidée à lire la série des Mario Condé en commençant par le premier volume : Passé parfait. Histoire de mieux comprendre d'où part son personnage et de voir comment il le fait évoluer. 

Un polar donc, puisque le personnage principal est un flic, qu'il vit et travaille entouré de flics et qu'il doit enquêter sur une "disparition inquiétante".  Mais visiblement le dénouement de l'enquête n'est pas ce qui intéresse le plus Mario Condé, pas plus que Leonardo Padura. Car en prenant prétexte du fait que le disparu est un ancien condisciple, qu'ils ont tout un passé scolaire (et extra-scolaire) en commun, c'est la  nostalgie du passé qui l'emporte sur bien des pages et les changements que Cuba a subi depuis les premières années de la révolution, il y a 30 ans puisque le roman est situé en 1989, à la veille de la chute de l'URSS. 

Je me doute un peu de ce qu'apportera le titre suivant, Vents de Carême, mais déjà les jalons sont posés, les personnages bien typés,  et les thèmes récurrents esquissés : l'obsession de la nourriture et la qualité du rhum, le sexe évidemment et l'amitié indéfectible avec le Flaco. Bref c'est un monde dans lequel on pénètre, un monde de misère et d'ivresse, un monde de générosité et de corruption. 

A défaut d'aller à Cuba, on peut s'y transporter par la lecture et l'imagination.  

 


 

09 octobre 2021

Les Intranquilles

 Oui, c'est un peu l'histoire de Garouste. Oui, les acteurs sont parfaits dans leur rôle. Oui le scénario est bien construit avec une inquiétante montée en puissance... Mais non, je n'ai pas aimé ce film qui pour moi, ressemblait plus à une étude de cas, certes bien documentée, qu'à un film qui joue avec la réalité sans s'y perdre totalement.


 On sort certes plus informé sur les dégâts causés par la maladie, autant sur le malade lui-même - bipolaire - que sur sa famille. Quant à lier la maladie à l'art, voire à conditionner l'art à la maladie comme si tout "grand" artiste était forcément "fou", cela m'a semblé abusif. Dans le film, le peintre semble ne pouvoir peindre que lorsqu'il est en crise; pourtant Garouste lui-même considérait que sa maladie, loin de l'aider, l'avait plutôt freiné dans ses possibilités créatrices, lui avait fait perdre du temps. C'est en tout cas le souvenir que j'ai gardé du livre qu'il a écrit avec Judith Perrignon  : L'intranquille (au singulier). En passant au pluriel, le titre du film devient d'ailleurs ambigü car il semble généraliser le portrait à tous les bipolaires; à moins qu'il ne désigne par ce pluriel tous ceux dont la tranquillité est troublée par celui qui souffre de cette maladie.

08 octobre 2021

Marek Sindelka, La Fatigue du matériau

La fatigue du matériau est un livre dérangeant et certaines pages resteront gravés pour longtemps dans ma mémoire puisqu'il s'agit de suivre les trajectoires, très vite dissociées, de deux frères qui ont choisi l'immigration. D'où viennent-ils ? Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Cela n'a pas d'importance ce sont deux migrants, du genre de ceux qui font parfois la une des journaux.  

S'agit-il encore d'un roman ? A peine parce que la part de réalité emporte tout. Et que les conditions dans lesquelles les passeurs déplacent les migrants est pire que tout ce que l'on peut imaginer.  Bien qu'une fois débarqués dans un pays, une région dont ils ne savent rien, où tout est pour eux source de danger, le froid, la faim, les chiens, les gens - surtout les gens - on se demande si l'on peut encore distinguer le mal du pire. Ils sont seuls puisque très vite les deux frères sont séparés et la seule chose qui les fait avancer c'est l'espoir de plus en plus ténu de retrouver l'autre.

Mieux vaut prendre son souffle avant de se lancer dans la lecture du livre de Marek Sindelka et l'on est souvent tenté de le reposer, parce que nous, lecteurs, pouvons sortir de l'enfer.  Pas les migrants !
Mais la parole de l'auteur est si juste, modeste même, que l'on continue, presque apaisé par l'alternance des deux voix dont on espère jusqu'au bout qu'elles finiront par se rejoindre ... 


07 octobre 2021

Pale rider

 Un vieux Clint Eastwood, c'est toujours bon à prendre. Et ce cavalier surgi de nulle part, qui s'éloigne vers nulle part après avoir remis de l'ordre dans la région et exterminé tous les "méchants" qui empêchaient les chercheurs d'or de tamiser tranquillement .... on a l'impression de l'avoir vu cent fois. Mais l'acteur, quasi mutique parvient à lui donner suffisamment de force pour convaincre les hommes de ne pas renoncer à leurs gisements,  et suffisamment de charme pour séduire, malgré lui, une jeune fille de 15 ans et sa mère. 

Le film n'est pas exempt de références à l'histoire du western  et le réalisateur, Eastowood lui-même en fait parfois un peu trop comme dans cette scène où "preacher" doit affronter seul le marshal et ses adjoints, tous vêtus du même cache poussière emprunté au  ... western italien ! Mais si on frôle parfois le ridicule, Pale rider, malgré les années reste un bon western. De ceux que l'on aime voir et revoir pour mieux savourer les détails.


 

06 octobre 2021

Yoann Bourgeois, Hurricane

Après de longs mois d'abstinence, renouer avec ses habitudes culturelles est un plaisir. Plaisir d'autant plus grand que les spectacles sont réussis. 

Le nouveau spectacle de Yoann Bourgois est de ceux là. Après un début, un peu long histoire de mettre en place un monde pas mal décati où les chariots de supermarchés côtoient les fauteuils d'handicapés, un monde routinier et répétitif, le plateau tournant soudain accélère, les objets glissent, tombent ne restent que les gens qui s'efforcent de maintenir leur équilibre dans un monde déstabilisé. 

Le chorégraphe est coutumier de ces jeux de déséquilibre, de chutes, mais dans le contexte actuel, libre à nous de voir dans cette force centrifuge qui met en péril l'ensemble des individus, n'importe quelle catastrophe, du genre ouragan comme le suggère le titre de la pièce, aussi bien que tremblement de terre ou ...  pandémie. Chaque individu doit lutter contre ce qui à tout moment le fait glisser, basculer, chuter, et ce n'est souvent que la force du groupe qui lui permet, qui permet à tous de retrouver au dernier moment un certain équilibre, toujours fragile, toujours précaire. 

Une idée simple - que certains trouveront simplistes - qui donne au spectacle sa force et sa capacité à émouvoir le spectateur autant qu'à le faire réfléchir.


05 octobre 2021

L'ambiguïté d'une affiche modifiée par un passant

 

Deux lectures au moins pour cette affiche, selon que l'on s'identifie ou non à Narcisse. 

Une déploration dans le premier cas : voici Narcisse privé de son image par le port d'un masque.

Un reproche dans le second cas. Car  si le narcissisme est "une fixation affective à soi-même ", il ne prend en compte que lui-même. Perdu dans son propre reflet et oublieux des autres.


Gabriela Trujillo, L'invention de Louvette

 

 Je ne suis pas tout à fait certaine d'avoir aimé ce livre. En tout cas pas le début. Ce n'est que peu à peu que je me suis laissé prendre par l'histoire de cette gamine, maline, intelligente, pleine de fougue et de fureur. Ingérable pour des parents ordinaires, or sa famille est tout sauf ordinaire. Elle grandit de surcroit dans un pays d'Amérique latine, entre tremblements de terre et révolutions, en éruption permanente.

L'écriture du livre est extrêmement travaillée, trop peut-être;  et la narration à la troisième personne ne masque pas totalement ce que le récit peut avoir d'autobiographique, même s'il s'agit d'une "invention" et non pas d'une transcription. Le principe de la remémoration de son enfance par la fillette devenue adulte est un procédé trop éculé pour être crédible. J'aurais sans doute aimé un peu plus de simplicité dans la construction du récit. Mais peut-être, l'ai-je lu trop vite ...

Reste le personnage de Louvette, un personnage féminin comme on aimerait en voir plus souvent : vive, fantasque, audacieuse, rebelle, forte de ses intuitions et déterminée dans ses décisions. Et rien que pour ce personnage, le roman de Gabriella Trujillo mérite d'être lu.

04 octobre 2021

Notturno

 Il existe bien des Nocturnes en musique, alors pourquoi pas au cinéma ? Le film de Gianfranco Rossi, qui ressemble à un documentaire sans en être tout à fait un puisque dépourvu de commentaires, parie sur la beauté de ses plans, souvent tournés de nuit effectivement, pour faire comprendre aux spectateur ce que vivent les gens lorsqu'ils ont la malchance d'habiter aux confins de l'Irak, de la Syrie, du Liban ou du Kurdistan. Peuples en guerre ? Certains oui, en tenue de camouflage et fusil sou le coude. Mais pas tous, non pas tous. Et surtout pas les enfants, les mères de famille, les vieillards qui tentent de vivre dans la boue et le froid des camps de réfugiés,  sans eau parfois ou sans électricité, ou dans des maisons qui tiennent plus de la ruine que de l'habitat. 

Ces situations, on croit les connaître, parce qu'on a lu les journaux. Mais on ne les a pas vue, pas vécues. Le plus sidérant n'est d'ailleurs pas la violence latente, mais les effets à long terme de ces violences imposées à tant de populations. Pas de pathos, ni de discours culpabilisant; juste des images qui parlent d'elles-mêmes. Des images d'une incroyable beauté ! Une beauté qui fait mal. 



03 octobre 2021

L'homme de Rio

Quatre bonnes raisons de revoir L'homme de Rio sur grand écran :

 
Le charme irrésistible de Françoise Dorléac

 

Les cascades de Belmondo

 
 L'architecture futuriste (?) de Brasilia


Sans oublier bien sûr, la voiture "rose avec des étoiles vertes"  !

 

02 octobre 2021

Chabeuil

 


 
Comme tous les automnes, les rencontres photographiques de Chabeuil proposent des expositions dans des lieux plus ou moins insolites.  Commes ces serres désaffectées, où survivent quelques plantes abandonnées. Un peu d'exotisme au coeur de la Drôme, ce n'est pas désagréable.




PS : pour les photos c'est ici

Un après-midi au musée


United States of Abstraction, Artistes américains en France 1946 - 1964 : le titre bilingue est un peu long, mais l'exposition présentée au musée Fabre de Montpellier est l'occasion de découvrir des artistes américains qui ont, pour la plupart, profité d'une bourse (G.I. Bill) pour venir étudier et travailler en France après la guerre. 

Peu de "grands noms", beaucoup d'artistes peu connus : l'occasion justement de se refaire l'oeil, de regarder sans préjugé les oeuvres exposées,  de les apprécier indépendamment de la notoriété de l'artiste. 

Voici trois tableaux que je me serais volontiers appropriés  ...

Paul Jenkins, Phenomena yello ribbon, 1964



Ralph Coburn, Marseille n°2, 1950-1962

 


David Budd, Anse Saint Roch, 1961


-- mais non, ils sont toujours sur les cimaises !



01 octobre 2021

Comme un tableau ...

 ... abstrait.