Malgré la couverture, très suggestive, Continental films n'est pas un roman, mais un livre extrêmement bien documenté sur une société de production cinématographique financée par l'Allemagne pour tourner des films français pendant l'Occupation. Le livre s'adresse a priori aux cinéphiles convaincus, mais pas seulement, parce que le travail de Christine Leteux porte essentiellement sur les conditions dans lesquelles les acteurs, mais aussi les réalisateurs, scénaristes, techniciens du cinéma ont été engagés et ont travaillé. Chantages, menaces, suspicions, délations : on y découvre toute la palette des compromis (compromissions ?) auxquels ont été soumis les gens du cinéma pendant l'occupation, le milieu faisant office de microcosme pour l'ensemble de la population. Car, si ce qui se passait dans ce milieu est bien documenté (contrats signés, mais aussi procès d'épuration), et bien visible (reportages et photos dans la presse) la même chose se passait certainement dans d'autres milieux peut-être moins documentés et certainement moins visibles. Comment louvoyer entre antisémitisme, lois de Vichy, propagande nazi, lorsque de votre travail à la Continental dépend votre salaire alors que vous êtes sans revenus depuis des semaines ou des mois. Sans assurance chômage et sans sécurité sociale évidemment. Collaborateurs ou résistants se croisent au fil des tournages, le pire côtoie le meilleur. Dans les studios de cinéma, sur les écrans et dans la vraie vie. 
Lire le livre de Christine Leteux sous titré Cinéma français sous contrôle allemand, c'est comme regarder la période de l'occupation avec une loupe, que l'on peut à n'en pas douter poser sur bien d'autres pans de la société.

 
 
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