Le film de Johan Grimonprez est un documentaire extrêmement ambitieux, qui, comme son titre le suggère, entremêle musique et politique. Même époque, le tout début des années 60. Mais une multitude de lieux bien que la République démocratique du Congo (ex Congo belge) soit au centre des événements, et surtout, une multitude de personnages ce qui contraint le spectateur à identifier rapidement chacun des intervenants : Eisenhower, Khrouchtchev, le roi Baudoin pour ne citer que les plus connus, qui tous ont eu un rôle à jouer dans l'assassinat de Lumumba. Même défilé de visages et de noms connus du côté des musiciens de jazz, concernés, parce que noirs, par l'émancipation démocratique du Congo et la fin du colonialisme. Il est difficile au début de se retrouver dans le chaos des images, d'autant que le réalisateur a fait le pari de se passer de commentaire en voix off au profit de citations empruntées aux médias autant qu'à la littérature pour accompagner le montage des images.
Soundtrack est un film qui demande, c'est certain, un effort de concentration au spectateur, surtout s'il n'est pas familier de cette période de l'histoire africaine, mais au final on accepte sans trop de difficulté le parti-pris du réalisateur, dont le propos n'est pas tant de révéler quelques éléments encore inconnus de l'assassinat de Patrice Lumumba, mais plutôt de montrer les implications des Etats dominants, soucieux avant tout de sauver leurs propres intérêts politiques et économiques. "Globalisation" n'était pas encore un mot à la mode en 1960, mais elle était déjà en marche et le film montre, ce que nous voyons à l'oeuvre chaque jour : l'arrogance des hommes politiques omnipotents qui veulent décider de tout partout et mobiliser à leurs profits les ressources du monde.

 
 
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