13 octobre 2025

L'assassin habite au 21

Le cinéma de Clouzot ?  Un cinéma désormais "classique", un peu rétro quand même. L'assassin habite au 21, sorti en 1942  est un jalon important dans la cinématographie de Clouzot aussi bien que dans l'histoire du cinéma. C'est d'ailleurs à ce titre que j'ai été le voir, parce que cette histoire d'assassin en série qui laisse une carte d'identité au nom de Durand sur chacun de ses cadavres ne provoque pas vraiment la tension  ou l'effroi que l'on peut attendre d'un film noir. Beaucoup de personnages, beaucoup de dialogues, beaucoup de répliques percutantes, on se croirait presque au théâtre, d'autant que les acteurs sont pour la plupart des gloires de l'époque : Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tessier ... 

Mais l'intérêt du film tient à deux raisons (au moins). 

A ses conditions de production d'une part, puisqu'il a été financé/commandé par Continental films, la société de production dirigée par Goebels non à des fins de propagande mais pour "distraire" le public français. "J'ai donné des directives très claires pour que les Français ne produisent que des films légers, vides et, si possible, stupides."  Rappelez-moi, quel est le nom du serpent dans le livre de la jungle ? Kaa ? C'est bien cela. Celui qui hypnotise ses proies avant de les gober ? 

A la mentalité de Clouzot lui-même qui semble n'avoir aucune estime pour la race humaine, si l'on en juge, entre autres, par les propos qu'il met dans la bouche d'un de ses personnages, l'ancien médecin de la coloniale. D'ailleurs ses deux comparses n'éprouvent ni gène ni honte à supprimer leurs congénères. Le discours est insidieux, mais parfaitement clair. Même si officiellement, il ne s'agit pas d'un film de propagande, l'idée est bien là quand même : il existe deux sortes d'humains, et certains valent moins que d'autres. On peut donc les supprimer. 

Certes la lecture que je fais de ce film n'est peut-être pas celle que les spectateurs englués dans le présent de l'occupation pouvaient faire, mais le recul historique, s'il permet de prendre de la distance, permet aussi de mieux déceler les intentions et au final je trouve ce film totalement glaçant. 


 

 

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