Au bout du cap, au bout de tout
il y a ce temple shinto encadré par la pluie
lourde solive de châtaignier
dont les veines épuisées
absorbent encore une fois l'averse
travail de charpente comme on n'en fait plus ?
si vous voulez !
beau, pour ceux qui l'on fait, peut-être
le temps de s'essuyer le front
mais pour moi ? brouillon, phraseur, touriste
et si affamé tout de même.
Vieillard à moitié nu
assis sur la dernière marche
qui m'adresse un regard vert
à travers ta tignasse d'étoupe
spectacle intéressant sans doute
baisse les paupières, vieil homme !
toi et tes réponses
vous venez trop tard ou trop tôt
la saison des récoltes est passée
l'espace hivernal et sa peur m'occupent entièrement
c'est à la neige et à l'absence
que je mendie à présent ma chaleur
orties et poussière
cabanes usées par le vent et la mer
jusqu'où - je vous le demande -
faut-il aller traîner encore
ce moi qui voudrait tant grandir.
Nicolas Bouvier
Yango-Hanto
Septembre 1964
Septembre 1964
L'entrée d'un sanctuaire shinto - qui n'est pas celui du cap Kyoga - avec sa ceinture de corde et ses papiers suspendus qui marquent la frontière entre le pur et l'impur, l'humain et le divin, le temporel et le sacré.
Quant à Nicolas Bouvier, si vous ne le conaissez pas, foncez. Commencez par Chronique japonaise si le Japon vous intéresse, continuez avec L'Usage du monde, et vous ne le lâcherez plus avant d'avoir tout lu, sans oublier les recueils de poèmes.
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