06 mars 2020

Peter Farris, Les Mangeurs d'argile


Publié dans la collection Americana de Gallmeister, le roman de Peter Farris, Les Mangeurs d'argile, aurait tout aussi bien pu être publié dans une collection policière, parce que plus on avance dans le roman plus on s'inquiète de ce qui peut arriver à Jesse, un adolescent de 14 ans qui vient de perdre son père.
La montée en puissance du récit permet de s'attacher d'abord à cet adolescent solitaire, qui vit dans une région  reculée de Georgie, en contact permanent avec la nature.  Son père, un armurier passionné au point de fabriquer ses propres balles lui a appris à chasser et donc à manipuler les armes.
Très vite on apprend à se méfier de sa belle-mère et  surtout de son "oncle", prêcheur efficace  mais redoutable escroc. Ils se sont tous les deux acoquinés avec le shérif du coin et un banquier, autre malhonnête. L'hostilité de la petite bande vis à vis de Jess qu'ils entendent dépouiller de son héritage fait craindre le pire.
Le seul allié de Jess dans cette histoire est un vagabond, un vétéran, lui-même recherché par le FBI parce qu'on le soupçonne d'être responsable d'un attentat qui a causé plusieurs morts et de nombreux blessés.


Peter Farris n'en est qu'à son deuxième roman, mais maîtrise totalement l'art du suspens. Il prend le temps de construire son intrigue et laisse le lecteur se familiariser avec les personnages avant de les mettre à l'oeuvre. Il les fait évoluer dans un milieu rural, certes, mais en grande partie sauvage; le domaine des Pelham est un immense terrain de chasse dont Jess connaît toutes les sentes, tous les recoins. Et pendant qu'il observe le passage d'un cerf, le lecteur peut se détendre avant de se laisser à nouveau prendre par la menace du danger.
Certains reprocheront à l'écrivain d'en faire un peu trop : les vétérans et le PTS, les attentats, les prêcheurs escrocs et l'incommensurable crédulité des ignorants, les prospecteurs, miniers,  les banquiers véreux et les affairistes de tous genres, avec, en prime un petit côté chasse, pêche et tradition pour mieux ancrer le roman en terre américaine ... oui ça fait effectivement beaucoup, mais au moins on ne s'ennuie pas.

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