L'homme de la rue date de 1941. Alors oui, il est forcément un peu "daté", mais ce qu'il dit du rôle des médias et de la propagande, cet art de la manipulation, est plus que jamais d'actualité.
En inventant le personnage de "John Doe", représentatif de l'Américain moyen, qui après 4 années de chômage annonce son intention de se suicider du haut de l'hôtel de ville, une jeune (et jolie) journaliste se lance, sans vergogne sur le chemin des "fake news". Et prolonge son mensonge en trouvant un pauvre hère qui contre quelques dollars, accepte de jouer le rôle du miséreux susceptible d'émouvoir les lecteurs du journal.
La supercherie fonctionne tellement bien qu'un véritable mouvement populaire se crée : désormais chacun tendra la main à son voisin et le monde sera repeint en rose.... mais c'est sans compter sur les politicien, avides de pouvoir, qui entendent récupérer le mouvement à leur seul profit.
Manipuler les foules en 1941 ou manipuler les foules en 2021, c'est toujours un peu la même histoire, les mêmes procédés et la même crédulité. Une chose est sûre, il y aura toujours des individus prêts à tout pour satisfaire leurs ambitions; les techniques de manipulation et les médias gagnent constamment en efficacité; la seule variable qui, dans cette dangereuse équation, puisse (?) être corrigée, c'est ... la crédulité, et la seule défense contre la crédulité c'est ... l'esprit critique et donc l'éducation ! Ma conclusion ! Pas celle de Capra, qui, lui, montre sans démontrer et laisse le spectateur libre de son interprétation. Mais dans une scène magnifique - celle où la supercherie va être révélée, celle qui va décider du sort du peuple en même temps que du sort des personnages - il film, en plongée, les parapluies noirs sous lesquels la foule se protège d'une pluie torrentielle. Un océan de parapluies qui ondulent pendant que sur scène les intervenants se disputent le micro et que les rotatives fonctionnent à plein débit.