Les romans de Toni Morrisson ne sont pas les plus faciles à chroniquer. Sans doute parce que la réputation de la dame induit une lecture forcément respectueuse. Mais en l'occurrence, le pluriel du titre français, ournit une clef intéressante : polysémique, le mot désigne aussi bien l'accouchement du premier chapitre, que la libération de Lula Ann ou de Booker des préjugés et des freins qui entravent leur existence, comme il suggère encore la difficulté et la nécessité pour les Noirs de briser les liens de leur servitude, hier comme aujourd'hui.
De là à parler de polyphonie il n'y a qu'un pas parce que ce sont bien plusieurs voix que Toni Morrisson s'attache à faire entendre, plusieurs tons aussi par qu'elle glisse constamment d'un registre à un autre, d'une écriture plate, réaliste à une autre plus suggestive, plus poétique, voire magique. Car oui la littérature permet de dire la vérité des êtres autrement que par l'analyse psychologique. Et Toni Morrisson ne s'interdit rien, aucune image, aucun symbole, aucune invention, toujours à la frontière de la réalité la plus crue au fantasme le plus suggestif.
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