Une langue venue d'ailleurs tient de l'essai autant que de l'autobiographie, une sorte d'entre-deux comme celui dans lequel se trouve Akira Mizubayashi, dont la langue d'origine est le japonais, mais qui s'est très jeune passionné pour le français et la culture qu'elle représentait alors au début des années 70, une ouverture par rapport à celle de son pays.
Pour qui s'intéresse aux langues étrangères, au bilinguisme, aux difficultés que cela représente d'apprendre à penser dans une langue différente de sa langue maternelle sans passer par la traduction, aux modifications que cela implique dans la façon de poser sa voix, d'articuler, de construire ses phrases, le livre d'Akira Mizubayashi est tout à fait passionnant. D'autant qu'il ne cherche pas à théoriser, mais simplement à témoigner de son expérience. Celle d'un intellectuel lecteur de Proust plus que de mangas, amateurs d'opéra et amoureux de la musique de Mozart.
Chaque expérience est unique, et il est certain que l'apprentissage d'une langue ne va jamais sans effort. Certain aussi qu'il permet à l'esprit de s'ouvrir, d'accéder à un autre mode de pensée, une autre façon d'être au monde. Mais Akira Mizubayashi laisse aussi entendre que son français est et restera toujours la langue de son milieu, un français littéraire, universitaire. Parce que chaque langue est en réalité multiple.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire