...Jack, And don't come back no more ! Partir, s'en aller, prendre la route et peut-être ne jamais revenir ...
C'est sur ce thème de la séparation emprunté à Ray Charles que le réalisateur iranien Panah Panahi construit son film. Mais la séparation ici n'est pas celle d'un couple, c'est celle d'une famille, et d'un pays ! Quelques allusions suffisent à suggérer que le départ est clandestin, qu'il est potentiellement dangereux mais on n'en sait pas plus sur les raisons - politiques sans doute ou économiques qui ont poussé cette famille à prendre la route (dans une voiture empruntée) pour conduire le frère ainé vers la frontière où il sera pris en charge par un passeur. Lorsque le film commence, ils sont déjà en route. Et on ne connaît pas la destination.
En filmant les personnages au plus près, le plus souvent à l'intérieur de la voiture, le réalisateur met volontairement l'accent sur ce temps de latence mal défini, qui s'étire, se dilate ou au contraire se précipite. On pourrait presque dire un temps mort, avec des éclats de vie : caprices du jeune gamin qui ne cesse de s'agiter, inquiétudes de la mère à peine masquées par ses sourires, lassitude du père bougon, silences du fils ainés. Au fil de la route, les humeurs changent, des chansons sont reprises en coeur. Hit the road est au fond un assez joli portrait de famille, une famille que le départ du fils, pourtant soigneusement préparé bouleverse plus qu'il n'y paraît.
Road movie par excellence, sans ligne de départ ni d'arrivée, le film de Pana Panahi déroule les paysages iraniens, désertiques ou au contraire verdoyants, souvent somptueux. Rêves de voyage pour le spectateur. Mais pour les personnages, la beauté des paysages ne compense pas la difficulté de vivre en ce pays.
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