26 mai 2022

Christian Astolfi, De notre monde emporté

 Christian Astolfi n'est peut-être pas Zola, mais dans le monde littéraire d'aujourd'hui, il creuse un sillon bien particulier, celui du roman social, trop souvent négligé au profit des états d'âme d'individus autocentrés.


Dans De notre monde emporté, l'écrivain fait revivre les chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, mais ce pourrait aussi bien être ceux de Nantes, de Dunkerque ou de La Ciotat qui ont tous fermé dans les années 80. 

Ils sont quatre autour de Narval, le narrateur, tous avec un surnom : Filoche, Mangefer, Barbe, Cochise; tous avec une fonction différente sur le chantier, mais solidaires comme on l'était dans ce monde là. Ouvriers de père en fils pour la plupart, venus d'ici ou d'ailleurs, il partagent la même fierté du travail bien fait. Les chantiers ferment, malgré les grèves; leurs chemins se séparent,  provisoirement,  car bientôt ils se retrouvent pour un même combat, celui de l'amiante. Les procès contre les négligences de l'Etat qui pendant plus de 10 ans ne s'est pas soucié des avertissements sur la dangerosité de l'amiante se mettent en place, lentement; la maladie elle, progresse insidieusement, erratiquement, frappant les uns plus que les autres. C'est cette tragédie que raconte le "roman" de Christian Astolfi. Une tragédie dont on a entendu parler dans la presse bien sûr. Mais aucun article n'a la force d'un récit à la première personne, et il importe peu que les personnages soient fictifs ou pas, parce qu'il s'agit avant tout de témoigner. Et de toucher le lecteur.

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