15 mai 2022

Donbass

 On peut parfois se sentir saturé d'informations, se lasser d'un énième reportage sur le Donbass. Mais le film de Sergei Loznitsa est différent. Ne serait-ce que parce qu'il est sorti en 2018, à égale distance de la première guerre du Donbass jamais finie et de la récente invasion de l'Ukraine par les forces russes. 

Sergei Lonitza, le réalisateur, évoque ce qui s'est passé en 2014, 2015,  mais le spectateur retrouve dans les différentes séquences ce qui se passe actuellement. Un décalage temporel qui marque tout simplement le caractère intemporel des guerres : peu importe le millésime, elles sont forcément atroces et réveillent le pire chez la plupart des individus. Car dans Dombass, il n'est question ni de stratégies ni d'enjeux politiques,  mais de comportements humains. Et ce n'est pas brillant ! En 13 séquences Sergei Loznitza en fait la démonstration. Cela commence par une scène de maquillage pour des acteurs engagés dans une scène de propagande, et cela s'achève sur une scène de maquillage, avec les mêmes personnages, mais la scène tourne ensuite au massacre et ce n'est plus de la fiction. Car, et nous le savons bien maintenant, dans cette guerre, tout est affaire de propagande et il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. La confusion est d'autant plus grande pour le spectateur européen, qui ne parle ni le russe ni l'ukrainien et doit se contenter des sous-titres pour suivre les événements, car rien ne ressemble plus à une tenue militaire qu'une autre tenue militaire. 

Certaines séquences - celle de la visite des abris souterrains dans lesquels se terrent les civils - pourraient passer dans les journaux télévisés d'aujourd'hui; certaines -  le mariage en "Nouvelle Russie" - virent à la farce outrancière et rapidement fastidieuse ; d'autres encore, présentées comme des expéditions punitives  - la bastonnade, le bouc émissaire - sont difficilement supportables tant elles respirent la haine. 

Imaginer que le film ne parle que du Donbass, ou même que du conflit entre la Russie et l'Ukraine serait sans doute une erreur. Attendre une réponse aux questions sur la responsabilité des uns ou des autres serait tout aussi vain. Le film de Loznitsa n'est là que pour nous rappeler que la guerre est toujours absurde, brutale, que la guerre tue et qu'elle fait ressortir le pire de l'humanité. On l'avait peut-être oublié !



Aucun commentaire: