13 octobre 2024

Bona

 Je ne pense pas avoir jamais vu un film philippin et celui-ci je ne l'ai vu que par ... erreur en me trompant sur le titre. Mais ne regrette certainement pas mon erreur car le film est étonnant. 

C'est une version soigneusement restaurée d'un film de Lino Brocka, un film l'on croyait perdu, "chef d'oeuvre du cinéma philippin invisible depuis 40 ans."  Alors bien sûr, il importe de le remettre avant tout dans son contexte, celui des années 80. Le film raconte l'histoire d'une jeune fille de la classe moyenne qui tombe folle amoureuse d'un très mauvais acteur de second rôle.  Elle renonce à ses études, quitte sa famille pour se mettre au service des moindres souhaits de son idole, dont elle accepte tous les caprices,  toutes les turpitudes, toutes les maîtresses, ... .  Difficile de faire pire choix que celui de ce goujat, stupide et prétentieux, caricature de macho. L'efficacité du propos tient aussi bien à l'économie de moyens  - on n'est pas à Hollywood - qu'à la simplicité de la mise en scène et au  jeu remarquable de l'actrice, Nora Aunor.

La question que pose le film est bien sûr celle de l'esclavage volontaire. L'aveuglement de la jeune fille, sa dévotion m'a laissée totalement sidérée d'autant qu'il ne s'agit pas de manipulation comme dans une secte, ni de propagande idéologique, mais bien d'une soumission sentimentale totalement consentie et totalement irrationnelle. Un abandon de soi, de ses propres besoins au profit d'un moins que rien. Et je ne peux m'empêcher de penser à l'aveuglement de ceux qui, aux Etats-Unis font de D.T leur messie, adhèrent à tous ses propos et admettent tous ses comportements. Même les plus ignominieux.



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