La littérature de la classe ouvrière... elle a sans doute eu ses heures de gloire, mais ne semble plus faire l'objet de bien des romans. Ou alors dans une évocation historique mêlée de nostalgie. Comme le fait Paola Pigani, qui dans ses livres s'intéresser aux "gens de peu" ballotés par la vie, immigrés, ouvriers ... plutôt qu'à ceux qui les exploitent.
Dans Et ils dansaient le dimanche, elle met en scène deux jeunes hongroises venues en France pour travailler dans les usines de viscose, nouveau textile qui a connu son heure de gloire dans les années 30. Les usines de la région lyonnaise, comme celle de Renage et d'Echirolles, sont avides d'une main d'oeuvre venue d'ailleurs, "docile et bon marché". Le regard de Szonja nous fait ainsi découvrir le fonctionnement de l'usine et l'absence totale de précautions prises pour manipuler des produits chimiques dont on se souciait peu de connaître le degré de toxicité. Le travail à l'usine donc, avec ses cadences, ses contraintes, la fatigue, mais plus généralement, le roman s'intéresse aux conditions de vie et d'hébergement, sous contrôle patronal et religieux (!) car il importe, n'est-ce pas, de veiller aux "bonne moeur"s des ouvriers pour assurer la continuité et donc la rentabilité du travail.
Cependant, dans son roman au titre parfaitement évocateur, Paola Pigani ne se contente pas de dénoncer les conditions de travail dans les usines textiles, elle s'attache aussi à faire comprendre ce qu'était l'esprit de classe et la fierté des ouvriers - on est dans les années 30, en plein Front populaire, et même si les immigrés hongrois, polonais ou italiens ne sont pas aux premiers rangs des manifestations, il ne sont pas indifférents aux possibilités qui s'ouvrent alors. Il y a dans le roman de Paola Pigani, une énergie, une joie de vivre, dû sans doute aux fait que ses personnages principaux sont de très jeunes filles, qui rêvent d'amour et de liberté et attendent toute la semaine d'aller danser le dimanche.
A défaut d'être totalement joyeux, Et ils dansaient le dimanche est un roman tonique qui ne cache rien des difficultés de la classe ouvrière, mais en montre tout autant la fierté, celle de faire partie d'une collectivité, d'avoir sa place dans la société et de partager l'espoir d'un avenir meilleur. Les lecteurs d'aujourd'hui savent à quel point ses espoirs ont été déçus, mais les personnages du roman, eux, ne le savaient pas.
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