24 mars 2019

Les Etendues imaginaires


Le premier film d'un réalisateur singapouriens ? c'est déjà une bonne raison d'aller voir Les Etendues imaginaires, qui se présente, a priori comme un thriller puisqu'un inspecteur de police un rien nonchalant et insomniaque, enquête sur la disparition d'un ouvrier chinois chargé du transport du personnel sur les chantiers titanesques qui permettent à Singapour de gagner des terrains sur la mer.

Je ne suis pas certaine d'avoir bien suivi le déroulement de l'intrigue dont la résolution importe finalement moins que le jeu entre les deux espaces où se construit le film.
L'un, totalement clos, et qui plus est, virtuel puisqu'il s'agit d'un cybercafé où chacun se perd dans les images et les mots de son écran à moins qu'il ne glisse tout simplement vers les étendues imaginaires du sommeil. C'est un monde nocturne éclairé par des néons aux couleurs froides : violet, bleu...


L'autre espace est au contraire, totalement ouvert,  c'est le monde du jour et du travail sur un chantier où se côtoient des immigrés de toutes les nationalités, à la merci de ceux qui les exploitent . Un monde presque aussi virtuel que celui des écrans puisque sont déversés des sables venus d'ailleurs pour créer des îles artificielles. C'est un monde où le beige se fond dans le gris, un monde de machines, de grues, un monde mécanique dans lequel l'être humain n'est qu'un pion sans valeur,



 En négligeant - ou en refusant -  de donner tous les éléments qui permettraient de résoudre énigme et de clore l'enquête,  Siew Hua Yeo le réalisateur, contraint le spectateur à s'intéresser à autre chose,  à reporter son attention sur l'image - les plans sur les chantiers sont souvent d'une stupéfiante beauté - et  à réfléchir à la façon dont les hommes vivent, aux conditions de travail auxquelles ils sont soumis, et à la solitude extrême des migrants. Pour un premier film, ce n'est pas si mal !

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