Jia Zhangke - dont on se demande si ses films sont diffusés en Chine tant sa critique, non pas tant du régime mais de l'évolution de la société chinoise est acerbe - choisit de suivre les tribulations d'un couple d'amants dans le milieu peu avenant de la pègre.
Petit chef de bande, Bin se fait attaquer par une bande rivale et pour le défendre, Quiao, sa maîtresse et amoureuse passionnée tire plusieurs coups de feu. En l'air ! Mais en Chine, le seul fait de détenir une arme est passible de prison. Incarcérée pendant 5 ans, Qiao espère retrouver son amant.... qui a changé de vie est fait désormais du "business".
Les Eternels est un film que l'on peut prendre à plusieurs niveaux. On peut ne s'intéresser qu'à l'histoire d'amour et la trouver au fond bien banal : elle est prête à tout par amour; lui, un peu moins. Elle est exigeante, sûre de ses valeurs; lui un peu moins. Jia ZhangKe a fait de sa femme son actrice principale et son égérie, on comprend qu'il glorifie ainsi son personnage.
Mais Les Eternels est avant tout un film sur la Chine d'aujourd'hui, sur la Chine qui s'interroge et ne sait plus où elle va. Qui, d'une certaine façon a gardé toutes ses habitudes, ses façons de faire, ses règles, mais dont les valeurs ont été laminées par le passage du communisme sans doute, mais plus encore par le glissement brutal vers le capitalisme sauvage. Et c'est sur ce point que porte la critique de Jia Zhangke. Parce que Qiao, qui, contrairement à son amant ne faisait pas partie de la pègre, finit par en adopter les règles de loyauté, de fidélité alors que lui n'a choisi que ses intérêts immédiats.
La pègre plutôt que le capitalisme. Joli retournement !
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