10 novembre 2019

Francisco Cantú, The line becomes a river

Ce n'est pas un roman, pas tout à fait un essai non plus. Une suite de récits plutôt, en grande partie autobiographiques.
Francisco Cantú a grandi en Arizona, est parti faire des études à Washington, puis a décidé que les connaissances acquises sur les politiques d'immigration et la surveillance des frontières n'avaient pas de valeur si elles n'étaient accompagnées de l'expérience du terrain.
Il s'est donc engagé comme agent de frontière et a servi pendant 4 ans, de 2008 à 2012, le long de la frontière avec le Mexique.


C'est cette expérience, douloureuse pour lui, qui est au coeur de son récit. Car Francisco Cantú est lui-même d'origine mexicaine (3e génération), il parle couramment l'espagnol, connaît les conditions de vie - ou plutôt de survie -  dans ce désert qui sépare les deux pays puisque sa mère était "park ranger". Il est donc constamment déchiré entre ce qu'il doit faire, les lois qu'il doit appliquer, les protocoles qu'il doit respecter et son humanité.
La première partie concerne sons travail sur le terrain, lorsqu'il s'agit de repérer les passages, de procéder à des arrestations. Cantú est ensuite transféré dans le centre où s'effectuent les contrôles, les recherches, les statistiques, une façon de dominer un peu mieux le sujet sans pour autant prendre du recul. Dans la troisième partie, la plus poignante, il raconte comment un clandestin, qui vit et travaille aux E-U depuis 20 ans - ses enfants y sont nés et ont donc la nationalité américaine -  traverse la frontière pour aller voir sa mère sur son lit de mort et se retrouve dans la nécessité de repasser la frontière comme il l'avait fait auparavant. A ses risques et périls et sans succès malgré des essais répétés. Arrestation, prison, expulsion : la ronde infernale avec chaque fois un temps de prison plus conséquent et l'inévitable expulsion.

The Line becomes the river n'est pas encore traduit en français, et c'est vraiment dommage. Il a été écrit avant l'élection de Trump, publié en 1918 et suscité quelques réactions, non pas de ceux qui sont pour l'édification du mur, mais de ceux qui s'y opposent et reprochent à Cantú d'avoir servi dans les "border patrols" alors même qu'il montre et dénonce dans son livre l'absurdité et l'inhumanité des lois sur l'immigration.

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